Une semaine que je n'avais pas fichu les pieds chez moi c'est tout juste si je me souvenais du chemin. J'avais tout de même envoyé un message avant de me pointer. On sait jamais, des fois que Dolohov y serait encore je saurais si ce sale petit rat se fout de moi ou s'il a un minimum de décence pour ne pas se trouver chez moi quand j'arrive.

L'idée même que Bella puisse m'attendre m'était passée au dessus. Moi, j'avais plus de chaussettes propres, c'est tout. A l'heure convenue, j'ouvrais à la volée la porte de chez moi sans ménagement et marchait sur quelque-chose de mou, sûrement un elfe.

"Tiens, Poddle, tu tombes bien ! J'ai ça à laver. Vite."

S'il vous plaît, merci, avec mon pied au cul.

"Amène-moi un whisky pur feu aussi."

Sortant un cigare de ma poche, je l'allumais. J'avais toujours eu l'habitude de fumer chez moi et ça n'allait pas changer parce qu'un autre dormait à côté de ma femme.
Nonchalamment, j'allais vers mon salon pour trouver ma femme tranquillement installée sur le canapé. Elle portait la robe que j'adorais et qu'elle détestait.

"Tiens, il l'aime bien lui aussi ?"

Je riais froidement. Allais-je croiser mon petit Antonin ? Allait-il me faire cet affront ?

Tirant une grande latte sur mon cigare je ne la regardais pas. Valait mieux pas. J'avais pas envie de retomber dans le panneau. Désormais, nous étions mariés sur le papier, point barre ! Rien d'autre ne comptait que ça.

"Bonjour, Son Altesse Black."

Répondis-je en guise de salutation. J'avalais une grande gorgée de whisky - qu'est-ce que ça m'avait manqué, une semaine à boire du mauvais hydromel et les boissons de filles de Lotta. Que je ne voyais plus soit dit en passant, elle avait un truc bizarre qui avait changé mais je ne savais pas quoi.

En quelques secondes à peine, elle était près de moi. Ah ouais ? Elle voyait plus Dolohov ? Grand bien lui en fasse. Ni le maître ? Là c'était un scoop, et je n'y croyais pas, mais alors pas du tout. Si elle croyait que j'allais la renverser version tango comme dans un mauvais film érotique elle se trompait, bien que ce n'était pas l'envie qui m'en manquait.

"Ah bon ? Il n'était pas si talentueux que ça finalement le père de famille ?"

Je ricanais avant de boire une nouvelle gorgée.

"Et donc comme plus personne n'apprécie tes dessous en dentelles tu reviens me les montrer en troisième choix ? J'imagine que je devrais être flatté ..."

Je savais que cette réflexion ferait mouche. Madame Lestrange, à vrai dire ça fait bien des années que je me demande pourquoi elle reste avec moi, comme tout le monde en fait. Comment ne pas croire qu'il y a une moindre once de sentiment pour moi dans cette attitude. En tous cas les miens avaient été mis à rude épreuve là.

"Si j'ai envoyé un hibou c'était pour pas croiser ce crétin. Gros nul en plus, il a raté sa dernière mission."

Dire que j'avais ma part de responsabilités ce n'était pas la peine. A cause, ou grâce, c'est selon, Regulus Black s'était enfui en laissant derrière lui sa copine, une sale Moldue, que j'avais essayé de tuer, mais un Auror nous en avait empêché. Bref, nous étions passé pour des gros nuls. Me concernant c'était pas un scoop mais c'était une première pour Dolohov. En tous cas c'était clair : j'allais lui pourrir la vie, nuit et jour ! Mais c'était pas pour ça que j'allais tolérer de le croiser dans ma maison. Y a des bornes aux limites (j'ai jamais trop compris ce que ça voulait dire).

"Le maître était vert de colère ! Enfin façon de parler."

Par contre elle marquait un point. Oui, j'avais envie de revenir. Mais j'aimais surtout me faire du mal en fait.

"Je suis chez moi."

Manière claire nette et précise de lui affirmer que j'allais ou bon me semblait, quand je voulais. Elle avait plus ou moins raison sur la suite.

"Alors tu souhaites revenir sur les accords tacites de notre mariage ? En voilà une surprise."

Je tirai sur mon cigare. Elle avait pas compris ce que j'avais voulu dire et moi j'en avais ma claque de sa famille à un moment donné ... Entre sa frangine qui se marie à un Moldu et qui met au monde une espèce d'animal de cirque ... et son cousin qui va du côté du vieux fou, ils filent un mauvais coton les Blacks. Mais le p'tit Regulus là, je ne comprenais pas ... Le maître nous avait dit qu'il ne savait pas que sa fiancée était Cracmole. Je ne savais pas si j'étais effaré par autant de stupidité ou parce qu'il s'était fait prendre pour un dindon de la part de cette racaille d'Underwood, en tous cas je voyais pas ce qui justifiais qu'on doive le tuer.

"Ouais, mais Regulus s'est tiré finalement. La petite aussi mais elle ira pas bien loin vu l'état, et j'pense que ça va occuper un moment le Ministère pour savoir ce qu'elle a dans la tête. Ca te fait pas plaisirs de savoir que ton cousin a survécu ? Si j'avais su j'aurais laissé Dolohov faire alors."

Je pris mon verre et le cala d'un trait en demandant autre chose à l'Elfe.
Bella m'offrait une chance que je ne pouvais pas laisser passer.

Ca voulait dire ... que je pourrais prendre ma revanche sur les autres.

"Bien."

Je n'étais pas un romantique, mais là j'avoue, j'avais une pointe dans le coeur. Cette semaine passée loin d'elle avait été longue et elle m'avait manqué. J'avais hâte qu'on terrorise les nouvelles recrues ensemble.

Je la pris dans mes bras en plaquant une main sur ses fesses et lui dit en la regardant dans les yeux :

"Tu m'as manqué tu sais ... "

Elle me tenait, et j'adorais ça. J'étais un peu masochiste par mon attitude mais je n'y pouvais rien. Oui, ma femme me rendait dingue, et je n'étais pas prêt de guérir. Je n'avais pas envie de guérir non plus, je prenais un plaisirs malsain à tomber dans tous ses pièges. Peut-être que je me faisais encore avoir ? Tant pis. C'était beaucoup trop bon, le risque en valait la chandelle. Et puis elle était ma femme, c'était aussi une manière pour moi de réaffirmer mes possessions. Jamais plus je ne permettrai à un homme de partager son lit. Mon honneur retrouvé m'était infiniment précieux.

Et ainsi, je profitais des avantages que j'avais à être marié avec Bella. Il fallait dire qu'elle savait comment se rendre désirable, indispensable, aliénante et tous les adjectifs que vous pouvez connaître. J'étais décidé à faire-valoir ma position auprès des autres et moi aussi je l'honorais comme il se devait. Il fallait dire que j'étais plutôt talentueux aussi ...
Bref.

Bella n'avait jamais été le genre de fille très fleur bleue, depuis que je la connaissais. Notre relation n'avait jamais été, et ne serait jamais normale. Elle n'était pas vraiment seule dans sa tête, son dévouement à notre maître était et resterait sans bornes. Il avait prit possession de son âme et de son corps, son être tout entier. Grand bien lui en face, j'avais récupéré le corps de ma femme, il ne lui restait que son âme. Mais ça, moi je ne pourrais pas la sauver la mienne était perdue depuis longtemps.

Allongé dans mon lit avec mon épouse, je lui caressais les cheveux avec nonchalance. Goûtant à la quiétude de ces moments après l'amour. J'avais tout de même des préoccupations très terre-à-terre, même si je venais de retrouver ma femme et ma maison, à savoir comment j'allais rattraper la boulette que j'avais fait avec Dolohov.