Prom'nons-nous dans les bois [Libre]

Prom'nons-nous dans les bois

"J'avais la désagréable impression de ne pas être seul."

Le ciel n'était éclairé que par la lune gibbeuse décroissante, et ses rayons peinaient à traverser le feuillage épais des arbres qui composaient la forêt de Godric's Hollow. Tant mieux. Moi, je faisais peine à voir. Une seule erreur de ma part ... une toute petite négligence ! Un oubli de potion tue-loup, et j'avais du subir une douloureuse transformation. Durant deux jours et deux nuits, j'avais été une bête sauvage, prête à tout pour tuer, une vraie machine de guerre. Fort heureusement, isolé dans les bois je n'avais blessé personne. Je m'étais battu contre des arbres, au pire des cas, et un peu contre moi-même aussi parfois.

Je m'étais réveillé sous ma forme humaine en plein coeur de la forêt, et devait marcher quelques heures pour atteindre la lisière de la forêt. Je n'étais pas en état de transplaner, je risquais de me désartibuler. Chaque pas était pénible, mais je n'avais pas le choix, je devais atteindre le village, et partir depuis la cheminée chez James. Je ne pouvais rester loin de Londres plus longtemps. Et dire que même pour un Moldu, une telle ballade ne durerait pas plus de deux heures ... Moi, il me faudrait bien la demi journée pour retourner à la civilisation. Claudiquant comme un vieillard, je finis par me laisser tomber en me rattrapant sur le tronc d'un arbre.

"Bordel ... Je ne vais jamais réussir à rentrer ..."

Je tentais de reprendre mon souffle, mais je me sentais faible. J'avais horriblement faim, et sommeil. Mais il ne valait mieux pas que je m'endorme avant d'avoir mangé quelque-chose, je risquerais de me réveiller en pleine nuit et ma situation ne serait pas forcément plus confortable !
M'arrachant à mon support sylvain, je me concentrai à chaque pas pour ne pas tomber. Mais j'avais la désagréable impression, au bout d'une heure, de ne pas vraiment être seul.

Prom'nons-nous dans les bois

feat Rémus J. Lupin

Partir à la chasse au loup-garou. Sur le coup ça lui avait paru une bonne idée. Excellente même. Après la visite de son amie Cho, Emmeline avait décidé de se reprendre en main, sérieusement. Du coup, elle s’était rendue une nouvelle fois au ministère, à la recherche de nouveaux indices mais au lieu de ça elle avait dû subir une nouvelle fois la même litanie lancinante que lui servait aimablement le responsable de l’enquête. Seulement cette fois, une chose se passa différemment. Durant un court instant, elle se retrouva seule dans le bureau de l’enquêteur, lui ayant dû s’éclipser à la demande d’un auror, et elle n’avait rien trouvé de mieux à faire que de fouiner dans les dossiers posés devant elle. Elle ne fut pas longue à trouver quelque chose. Et maintenant la voilà debout en plein milieu des bois de Godric Hollow, emmitouflée dans une veste longue, la tête enfouie dans son foulard et sautillant sur place pour se réchauffer.
Quelle idée stupide !
Soufflant sur ses mains avant de les frotter l’une contre l’autre, elle se décida à avancer un peu plus profondément parmi les arbres, tendant l’oreille à la recherche du moindre bruit suspect. Dans un dossier, elle avait cru comprendre que ce bois abritait parfois quelques loups garous durant leur métamorphose. Vu que la lune était décroissante elle ne risquait pas de tomber né à né avec l’un d’eux. Heureusement d’ailleurs car elle n’avait sur elle que sa baguette pour se défendre, autrement dit pas grand-chose. Non en venant ici, Emmy espérait trouver des traces de leur passage qui la mènerait vers de refuges, des tanières, quelque chose dont elle pourrait se servir pour comprendre. Un instant elle essaya d’imaginer la réaction de son amie Cho si elle savait ce qu’elle était en train de faire. Elle n’approuverait certainement pas, ça elle n’en doutait pas. L’idée de sa moue contrariée la fit sourire, sourire qui s’effaça subitement lorsqu’elle fit craquer une brindille sous ses pieds. Pourquoi était-elle partie toute seule dans ces bois ? Et sans prévenir personne bien sûr. Emmy sentit son estomac se serrer et elle commença à se faire tout un tas de film dans sa tête. Paranoïaque ! Elle devenait folle. Secouant la tête pour reprendre ses esprits, elle était sur le point de se résigner à transplaner chez elle lorsqu’elle entendit des bruits de pas, légers, accompagnés par une respiration haletante. Sa curiosité l’emporta sur sa peur et elle se dirigea sans faire de bruit vers la source de celle-ci. Cachée derrière un énorme tronc d’arbre, elle put apercevoir à quelques mètres devant elle, un jeune homme essoufflé, appuyé sur un arbre, tentant de se remettre péniblement d’un effort dont elle ne savait rien. Il avait l’air épuisé, et plutôt misérable. Que pouvait-il bien faire là, en plein milieu de la nuit ?

~ Et toi alors ? Qu’est-ce que tu fais là plutôt que sous ta couette ?

Hésitante sur ce qu’elle devait faire par la suite, elle ne lâcha pas pour autant le jeune homme du regard et se surpris à le suivre discrètement lorsqu’il se remit en route. Elle délirait complètement. Pour qui se prenait-elle ? Une espèce d’Auror ? Une belle fouineuse oui. Malgré tout, elle ne put s’empêcher de continuer à continuer de marcher à sa suite, sans un bruit, tel une ombre. Un talent qu’elle tenait des Serpentards. Et puis, Emmy le vit ralentir le pas avant de s’arrêter. Elle ne fut pas longue à comprendre qu’il avait deviné sa présence. En même temps, malgré les histoires qu’elle se racontait, elle n’était pas une experte en filature. La peur l’envahit soudain. Paniquée, elle piétina sur place à droite puis à gauche, ne sachant pas quoi faire. Se cacher ? Prendre ses responsabilités ? Se cacher lui parut la meilleure option et dans un mouvement brusque elle tenta d’aller se réfugier derrière un grand chêne.

Alerte, je guettais le moindre bruit. Normalement, tous les lycans avaient retrouvé leur forme humaine, mais on ne savait jamais ce qu'il pouvait y avoir d'autre dans ces bois, comme créatures étranges. Bon, c'est vrai que je pensais peut-être un peu trop à la forêt interdite de Poudlard, mais on ne pouvait pas me le reprocher non plus. Paraît qu'au fond, y avait une famille d'accromantules ! Mais j'en savais rien, honnêtement, je ne m'étais jamais enfoncé jusque là. James et Sirius, peut-être ...

Oui, j'étais suivi, et pas discrètement, en plus de ça. Qui pouvait se trouver dans la forêt comme ça ? Et surtout, ce qui m'inquiétait le plus ... Pourquoi est-ce que j'étais suivi ? Je sortis ma baguette par précaution, mais je serais bien incapable de me défendre si jamais on m'attaquait je crois.

"Ca suffit !" criais-je.

"Montrez-vous !"

Mais rien. C'était plutôt étrange ... La forêt était redevenue calme. Mais trop calme, si vous voyez ce que je veux dire ... Un silence un peu artificiel, comme lorsque l'on retient sa respiration. J'allais repartir et entendre de nouveau des pas ... Et on pourrait jouer à ça toute la journée encore.

"Lumos"

Un rai de lumière jaillit de ma baguette, et je balayais tout ce qu'il y avait autour de moi. Quand soudain, je remarquais une masse de cheveux blonds dépasser de derrière un chêne.

"Sortez de derrière le chêne, ou je stupéfixe. 1 ... 2 ....

Ouais bon, c'était radical mais je commençais à avoir un peu peur ...

Prom'nons-nous dans les bois

feat Rémus J. Lupin

Pétrifiée derrière son refuge végétal, Emmeline n’osait plus bouger ni même respirer. La main crispée sur sa baguette, elle espérait de toutes ses forces que l’individu qu’elle suivait sans savoir pourquoi se remette en marche. S’il le faisait, elle avait pris la décision de retourner chez elle, ou peut-être chez Cho pour se rassurer. Elle était complètement folle de s’être lancé dans une telle situation. Elle ne savait même pourquoi elle suivait ce type en plein milieu d’un bois et en pleine nuit. Quelle folie. Tremblante de peur, elle appréhendait la suite. Bien sûr, à Poudlard elle était réputée pour être une excellente duelliste à la baguette mais ici, en plein milieu de nulle part, en face d’elle ne savait qui, rien n’était moins sûr. La réalité n’avait rien avoir avec une rampe d’entrainement entre quatre murs. Levant les yeux vers la cime des arbres, elle chercha une réponse au milieu des feuilles en vain.
Et puis l’homme dont elle cherchait à se dissimuler éleva la voix et elle ne put s’empêcher de sursauter. Plaquant ses mains contre sa bouche, elle étouffa un petit cri qui aurait pu la trahir. Incapable de faire le moindre mouvement, Emmy sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle était vraiment stupide à s’imaginer comme guerrière vengeresse. En cet instant, elle était morte de peur. Lorsque le jeune homme fit apparaitre un rai de lumière avec sa baguette, elle ne put s’empêcher de fermer les yeux et de paniquer un peu plus. C’était un sorcier. Un sorcier avec une baguette et maintenant il pouvait la trouver facilement. Plaquant toujours ses mains contre sa bouche pour éviter de produire le moindre bruit, elle ferma les yeux, implorant en silence pour qu’il reprenne sa route.
Mais il n’en fit rien. Elle sentit la lumière dirigée dans sa direction et émit un hoquet lorsqu’il la menaça de la stupéfixer si elle ne sortait pas au bout du décompte. Dans un sursaut, elle se délogea de sa cachette et s’exposa devant lui, les mains devant elle pour lui montrer sa docilité.

~ Non… Je… Ne faites rien s’il vous plait…

Elle était terrorisée. Rien à voir avec l’imperturbable Emmeline Vance de Poudlard. Celle qui, habituellement, ne laissait rien paraître de ses sentiments était à présent blanche comme un linge, les lèvres tremblantes et les yeux humides. Elle tenait toujours sa baguette dans la main mais ne la dirigeait en direction de rien de précis puisqu’elle mettait simplement ses mains en avant. Elle fit quelques pas dans la direction du jeune homme, le fixant car craignant le moindre de ses mouvements.

Ma baguette tendue devant moi, je n'hésiterais pas. Je n'étais pas du genre à attaquer gratuitement, pourtant, mais là je ne savais absolument pas ce qui m'attendait ... En tous cas je ne m'attendais pas à chasseur de loups, plutôt à un Mangemort ... Paraîtrait qu'ils étaient passé à l'action ... Et qu'ils avaient même infiltré le ministère. Alors je ne tenais pas à me faire surprendre comme un bleu. La prise de ma main sur ma baguette était ferme, et mon ton montrait que je n'allais pas hésiter ... Alors une jeune fille blonde sortit de derrière l'arbre. Je l'avais déjà vue je crois, mais ça datait. Parce que son visage me disait quelque-chose, mais j'étais incapable de remettre son nom sur son visage.

Elle n'avait pas l'air plus rassuré que moi, mais je ne fis pas l'erreur de relâcher ma vigilance pour autant. Mais sa voix tremblait, et elle n'avait pas sa baguette dans les mains. Et elle avait aussi l'air d'avoir une petite mine. Se pouvait-il qu'elle soit l'une des nôtres ? Sinon, je ne voyais pas ce qu'elle pouvait faire, comme ça, au milieu des bois ... Surtout en cette période.

Finalement, je finis pas abaisser ma baguette, et m'aidais de l'arbre pour tenir debout car je chancelais. Bon sang ! Si elle voulais m'attaquer, je n'étais certainement pas en position de force pour me défendre.

"Nan ... C'est bon."

Je continuais à la regarder d'un air suspicieux. Je me demandais vraiment quelle était la raison de sa présence ici. Tout le monde évitait les bois de Godric's Hollow dans cette période. Enfin, le meilleur moyen pour le savoir, c'était encore de lui demander.

"Qu'est-ce que vous faîtes ici ? Vous vous êtes perdue ? Vous n'êtes pas prudente ... Ce n'est franchement pas une bonne période pour se promener ici ... Tout le monde le sait ..."

Je sais, on m'avait connu plus poli. Mais là, franchement, je n'étais pas en état de faire des ronds de jambe surtout devant quelqu'un qui m'avait manifestement suivi.

Prom'nons-nous dans les bois

feat Rémus J. Lupin

Avec la lumière braquait sur son visage, Emmeline ne parvenait pas à distinguer les traits du visage de celui qui la menaçait de sa baguette. Effrayée, elle se rendit compte que ses genoux tremblaient sous elle et qu’il ne lui faudrait pas beaucoup plus d’émotions fortes pour s’évanouir ici, en plein milieu des bois de Godric Hollow, à la merci d’elle ne savait qui. Ce n’était pas vraiment comme ça qu’elle avait imaginé sa chasse au meurtrier. Elle était vraiment idiote d’avoir pensé être capable de s’en sortir toute seule. Malgré sa peur, Emmy essayait de trouver une solution pour se sortir du pétrin dans lequel elle s’était mise. Heureusement pour elle, le sorcier qui lui faisait face abaissa sa baguette. Voyant le faisceau de lumière s’incliner vers le sol, elle chercha à croiser le regard de l’inconnu. Son visage lui semblait familier. Il semblait avoir le même âge qu’elle ou du moins ils étaient proches de la vingtaine tous les deux bien qu’il semblait très fatigué. Surement un jeune diplômé de Poudlard donc. Puis elle le vit s’agripper maladroitement à un tronc alors qu’il cherchait à la rassurer sur ses intentions. Elle ne savait plus vraiment quoi penser de lui. Qu’est ce qu’il faisait là et pourquoi était-il dans cet état ? Apparemment il se posait la même question vis-à-vis d’elle. Ouvrant la bouche, elle failli lui avouer la raison avant de se raviser. Il fallait qu’elle se montre prudente. Elle ne savait pas qui il était. Elle avait entendu des bruits courir sur des sorciers tuant d’autres sorciers et elle ne pouvait pas être sûre du camp auquel celui-ci faisait parti.

~ Je cherche quelqu’un… enfin en quelque sorte…

Elle se doutait que sa réponse ne serait sûrement pas suffisante mais elle ne savait toujours pas à qui elle avait affaire.

~ Qu’est-ce que vous entendez par ce n’est pas une bonne période pour se promener ici ?

Bien que cela semblait évident pour lui, Emmeline ne comprenait pas en quoi s’était dangereux de venir dans les bois maintenant. La pleine lune avait eu lieu la nuit dernière. Les loups garous ne se transformaient que durant la pleine lune pour elle, du moins c’est ce qu’elle avait retenu de ses leçons. Ou alors il y avait autre chose à craindre dans ces bois dont elle ignorait l’existence.

~ Il y a un monstre ici ? C’est lui qui vous a mis dans cet état ?

Soudain la peur l’envahit de nouveau mais cette fois ce n’était pas l’individu en face d’elle qui l’effrayait mais ce qu’elle ne voyait pas tout autour d’eux. Elle n’avait pourtant jamais eu peur du noir.

Pour toute réponse, je désignais le ciel.

"C'était la pleine lune hier."

Je craquai, je finis par me laisser tomber mollement sur le sol, parce que je ne tenais plus debout. J'avais des plaies qui n'étaient pas tout à fait refermées et je saignais encore, mais j'étais surtout épuisé.
Dans ma détresse, je ne pensais qu'à Mégane. Je ne voulais pas la laisser après avoir appris qu'elle avait tenté de mettre fin à ses jours.
Mais la blonde était toujours face à moi.

"Non, y en a plus. Mais oui, en quelques sortes. Vous ne devriez pas rester là, on ne sait jamais ..."

Quant à moi, je n'allais pas réussir à rentrer tout seul c'était certain. Normalement il n'y avait plus de lycans dans le bois, mais on ne savait jamais. il y avait certainement d'autres choses.
J'essuyais mon front, je faisais peine à voir. Je la regardais encore parce qu'elle ne partait pas ... Mais je commençais doucement à comprendre.
J'esquissais un petit sourire et réprima même un rire. Jaune mais un rire tout de même.

"Ah, en fait vous êtes en retard ! Vous étiez venue chasser le loup ? A moins que vous vouliez en attraper un ?"

J'évitais de trop en dire, je ne voulais pas qu'elle sache ce que j'étais. Mais si elle réfléchissais un peu vu mon état, elle n'aurait pas de mal à trouver ceci dit.
Péniblement, je me relevai.

"Ecoutez, on ferait mieux de pas rester là et de sortir des bois. Enfin, faîtes ce que vous voulez, mais moi, je veux rentrer. Y a quelqu'un qui m'attend."

Serrant ma veste autour de mois, je recommençai à marcher. Je n'avais pas de scrupules à la laisser seule, vu qu'elle était venue sans l'aide de personne dans la forêt.

C’était la pleine lune hier soir ! Cette réponse semblait si évidente dans la bouche du jeune homme qu’Emmie ne put réprimer l’idée qu’il savait lui aussi pour les loups garous. Non pas que c’était un secret bien gardé. Tous les sorciers du monde savaient ce qu’était un loup garou et quand est ce qu’il se transformait. Mais le fait que cette personne rencontrée en plein milieu d’un bois obscur lui brandisse l’existence des loups garous comme excuse au danger potentiel qui régnait autour d’eux ne la rassura pas des masses. Elle luttait encore avec l’idée de devenir une ‘chasseuse de loup’ comme lui avait si bien fait remarquer Cho. Elle n’aimait pas particulièrement ça. Traquer, se mettre en danger, attaquer quelqu’un. Elle n’avait jamais voulu vivre des aventures quand elle était gamine alors maintenant que la réalité la rattrapait…
Elle ne put refreiner l’air surpris qu’elle pris lorsqu’il exposa son opinion sur sa présence dans les bois de Godric Hollow. Elle ne pensait pas être si facile à comprendre. Mais en même temps, c’était la vérité. Elle était là pour les loups. Pour en trouver un avec qui elle pourrait discuter. Discuter. Elle n’était même pas sûre de ça. Qu’est ce qu’elle ferait vraiment si elle en trouvait un. Partir en courant et s’enfermer chez elle pour se morfondre jusqu’à la fin des temps ou bien tenter de comprendre pourquoi ?

~ Chasser ? Pas vraiment non…

Les mots furent semblables à un murmure. Elle ne lui répondait pas en les prononçant mais elle tentait de se convaincre ou plutôt de comprendre ce qu’elle-même faisait là. Comment pouvait-elle lui répondre convenablement sinon puisqu’elle ne savait pas ce qu’elle voulait.
Levant les yeux sur lui, elle constata qu’il s’était effondré sur le sol, le visage blême et dégoulinant de sueur. Il avait vraiment l’air mal en point. Il ne lui avait toujours pas dit ce qui l’avait mis dans cet état ou du moins sa réponse était restée vague. Tout comme la sienne à dire vrai. Il tenta de se relever, d’avancer péniblement vers la lisière de la forêt s’agrippant à sa veste enroulée autour de lui. Il lui conseillait de sortir de ce lieu lugubre et froid, de rentrer chez elle. Il avait sans doute raison, elle n’était pas à sa place ici. Mais où était sa place alors ? Essuyant son nez du revers de la main, elle tenta de chasser les larmes qui lui piquaient les yeux. Elle était vraiment idiote de croire qu’il suffisait de vouloir quelque chose pour être capable de le réaliser. Surtout lorsqu’il s’agissait de forcer un monstre à se dévoiler. Emmie s’apprêtait à transplaner à Londres lorsqu’elle se rappela qu’elle n’était pas seule et que l’inconnu ne semblait pas pouvoir s’en sortir par ses propres moyens. Faisant quelques pas dans sa direction, elle avait l’intention de l’aider ou du moins de lui proposer son aide. Mais soudain elle se figea. Elle venait de percuter : L’état pitoyable dans lequel il se trouvait, sa réponse ambiguë sur le responsable de ses blessures, sa présence ici et le fait qu’il l’accuse d’être une chasseuse de loup…

~ Vous… vous en êtes un… n’est ce pas ?

Tremblante de peur, elle recula prudemment sans le perdre des yeux. Doucement, elle sortit sa baguette sans la diriger particulièrement vers lui mais au cas où elle en aurait besoin. Elle n’était pas bête, s’il avait voulu lui faire du mal, il en avait eu l’occasion. Et puis vu l’état de faiblesse dans lequel il se trouvait, il ne semblait pas être très dangereux pour le moment. Elle était revenue au niveau de l’arbre derrière lequel elle s’était cachée à présent et le regardait complètement désemparée. Voilà, elle y était, elle avait enfin devant elle ce qu’elle cherchait. Mais quoi faire maintenant.

~ Je… Je ne cherche pas à vous faire du mal… Enfin… si vous m’attaquez c’est sûr que là...

Emmie se tenait prête, prête à transplaner. Et tant pis pour cette stupide chasse au loup. Elle n’était pas un Auror.

~ Vous… vous en êtes un… n’est ce pas ?

Je m'arrêtai. Il était évident qu'elle m'avait démasqué, vu l'état dans lequel j'étais. Je tournai la tête vers elle et lui répondit par l'affirmative. Essuyant mon front, je m'appuyai à nouveau contre un arbre. Les transformations étaient souvent éprouvantes, fatigantes. Et je ne me rappelais de rien, généralement. Le plus dur pour moi était de me demander en permanence si je n'avais pas blessé quelqu'un.

"Perspicace." dis-je avec sarcasmes.

J'abandonnais. Je ne pouvais plus avancer mes forces me lâchaient. Je n'avais pas été précautionneux sur ce coup là, j'étais parti en hâte et je n'avais rien pris pour me restaurer, du chocolat ou quelque-chose comme ça. Et vu mon état je m'étais certainement battu avec quelqu'un, ou quelque-chose d'autre ... Un autre loup sans doute, ou un cerf, un gros chien, mais qui n'auraient pas été James ou Sirius évidemment. J'avais l'impression d'avoir des côtes cassées.

"Et je crois que je ne suis pas resté tout seul ces derniers jours, mais je ne me souviens de rien. Je ne suis pas en état de vous attaquer. Mais si vraiment vous vouliez attraper un loup, félicitations ..."

Je visais sa baguette d'un coup de tête.

"Vous pouvez la ranger, je peux rien vous faire hein ... Par contre, vous, vous allez me faire quoi ?"

Je ne m'étais jamais retrouvé devant quelqu'un qui cherchait un loup-garou alors j'avoue que je ne savais pas trop à quoi m'attendre.

Emmie avait vu juste. Le jeune homme tremblant et affaibli qui se tenait devant elle ne chercha même pas à cacher la vérité. Troublée, elle ne quitta pas sa position. Ce n’était pas parce que ce jeune homme était franc qu’elle pouvait lui faire confiance. Elle ne savait pas grand-chose sur le phénomène de lycanthropie, à part ce qu’on leur avait enseigné à Poudlard, donc autant dire le strict minimum. La jeune fille était perplexe, elle ne s’attendait pas à cela. Une créature effrayante, agressive et baveuse oui mais pas un jeune homme pâle, trébuchant et fatigué. Emmie n’en baissa pas pour autant sa baguette d’autant plus que, d’après son interlocuteur, ils n’étaient pas les seuls randonneurs dans les bois. Rien de très encourageant. Il avait beau essayé de la convaincre qu’il était tout à fait incapable de lui faire le moindre mal dans son état, elle ne baissa toujours pas sa garde.

~ Pardon ?

Elle ouvrit de grands yeux ronds lorsqu’il l’interrogea sur ses intentions envers lui.

~ A vrai dire… Et bien… Je ne sais pas vraiment…

Elle ria légèrement, mal à l’aise par la situation. Elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle ferait si elle tombait sur un loup. Elle ne l’avait même pas envisagé lorsqu’elle avait transplané. Tout ce qu’elle voulait s’était trouver quelque chose mais pas quelqu’un. Maintenant qu’elle était en face de lui, Emmie était désemparée. Finalement, elle choisit de baisser sa baguette et de la ranger dans la poche intérieure de son manteau.

~ Je m’appelle Emmeline… Emmeline Vance.

Et voilà, elle n’avait rien trouvé de mieux à dire que de se présenter. Prudemment, elle fit quelques pas dans sa direction.

~ Je ne suis pas une… Chasseuse de loup garou… C’est compliqué…

Mais qu’est ce qu’elle disait là ? Elle n’allait pas lui déballer toute sa triste vie. Elle ne le connaissait même pas. Enfin si mais elle ne savait juste pas où elle l’avait déjà vu. Regardant autour d’elle, Emmie ne se sentait pas très à l’aise.

~ Ecoutez, je ne vous veux aucun mal… vraiment donc… Est-ce qu’on peut d’abord sortir d’ici ?

Le jeune fille baissa sa garde et finalement, se présenta.

"Remus Lupin." Dis-je tout simplement. Mais je doutais que mon simple nom lui donne des informations supplémentaire sur mon identité ... Je n'étais personne de notable dans ce monde, contrairement à James et Sirius qui étaient en passe de devenir Aurors ... Moi j'allais me contenter de ne devenir personne.

Elle n'avait pas l'air de savoir ce qu'elle voulait, et moi je ne comprenais pas non plus, mais bon, elle avait rangé sa baguette alors je n'allais pas m'en plaindre.
Elle affirmait qu'elle ne ferait pas de mal, et qu'elle n'était pas une chasseuse de loup. J'avoue que je me détendais un peu ...

"A la bonne heure ..." dis-je avec un sourire un peu plus chaleureux.

"J'aimerais bien partir d'ici, moi aussi, mais je pense que je vais avoir besoin de votre aide sans vouloir avoir l'air d'abuser. Je vais me désartibuler si je transplane comme ça."

Je n'étais pas du genre à réclamer, mais si elle voulait qu'on parte, je n'avais guère d'autre choix. Maintenant que je savais qu'elle ne me voulait pas de mal, je pouvais la suivre sans craintes. Par contre je ne connaissais toujours pas la raison de sa présence ici. Oh ... Je le saurais bien assez tôt je crois ... Du moins, j'allais essayer de provoquer ça.

Apprendre le nom de son interlocuteur n’aida pas Emmeline à se rappeler pourquoi son visage lui semblait familier. Mais elle ne s’attarda pas réellement sur ce détail. Pour le moment ça n’avait pas d’importance.
Lorsqu’elle le rassura sur ses intentions pacifiques vis-à-vis de lui il parut soulagé et elle put enfin lui apercevoir un sourire agréable sur le visage. Malgré son air blafard et la sueur qui perlait sur son front, Emmie se sentit plus en confiance face à lui et se détendit légèrement.

~ Oh bien sûr.

Hésitante malgré tout, elle finit par s’approcher de lui. Elle qui n’aimait pas tellement les contacts avec ses pairs, elle se retrouver dans une situation peu commune pour elle. Piétinant sur place un instant, Emmie finit par se pencher et passer son bras sous les épaules du jeune homme pour qu’il puisse se relever et s’appuyer sur elle.

~ Et maintenant ? Vous vouliez aller où ? J’espère que ce n’est pas très loin, je ne veux pas vous faire peur mais je n’ai jamais transplané en emportant quelqu’un.

Serrant le jeune homme de toutes les forces dont elle était capable, elle n’osait pas le fixer dans les yeux. Il était trop proche d’elle et en plus c’était un loup garou. Elle avait beau essayer de paraître normal, Emmie n’était pas vraiment rassurée de se savoir aussi proche de lui. Elle ne savait pas grand-chose de ce phénomène mais elle n’était pas naïve au point de penser que tous les sorciers victimes de ce triste sort étaient agressif et mauvais.

Je grimaçais quand elle me souleva. J'avais du me casser deux ou trois côtes dans ma bataille la nuit dernière ... Bon, on ne pouvait pas y faire grand chose. Tout ce dont j'avais besoin se trouvait caché dans une petite besace à l'orée de la forêt dans le creux d'un arbre. Heureusement pour elle, on aurait pas à aller bien loin pour ça.

"Bah, vous savez transplaner ... Alors c'est pareil, évitez juste de me lâcher et moi je ne vais pas bouger, ça ira. J'ai des trucs à récupérer juste à l'orée des bois, là où part le chemin de randonnée ..."

Aussitôt cette information donnée, nous transplanâmes et nous retrouvâmes là où je le souhaitais. Je la lâchai et allai là où j'avais dissimulé mes affaires. Un peu de quoi manger, et une fiole de dictame ... Ah, et quelques vêtements aussi. Je la regardai d'ailleurs d'un air gêné, et allai me mettre un peu plus loin pour me changer. On avait tout de même sa pudeur, et j'en profitai pour faire un brin de toilette, soigner mes plaies, mais ce n'est qu'en commençant à manger que je me sentai beaucoup mieux. Je n'avais pas apporté de quoi faire un festin de roi je n'avais pris que ce que j'avais trouvé chez Mégane, quelques fruits ... Parce que ce n'était pas son Elfe qui allait accepter que je pille le garde-manger. J'étais tout de même disposé à partager avec elle ..

"Ta chasse a du te fatiguer, prend quelque-chose, j'ai du chocolat aussi ... C'est pas grand chose mais comme il faut que ça se garde plusieurs jours alors ... j'ai pas trop le choix. Enfin bref ..."

J'étais de meilleur humeur que lorsque je l'avais rencontrée une heure plus tôt. Je n'avais plus aucune raison de me méfier... et j'espérais qu'elle aurait le même sentiment à mon égard.

"Merci de m'avoir aidé, j'aurais jamais pu rentrer tout seul."

Emmeline était plutôt fière d’elle d’avoir réussi à exécuter son action sans dommage et en plus en emportant avec elle son interlocuteur. Cela dit elle ne montra absolument pas ses émotions, elle commençait enfin à reprendre le contrôle d’elle-même. Elle attendit en silence, un peu à l’écart que Remus termine ce pour quoi il lui avait demandé de l’escorter jusqu’à l’orée du bois. Le ciel du petit matin commençait de plus en plus à s’éclaircir et on pouvait deviner la présence du soleil lorsque l’on regardait vers le village. Malgré tout, la forêt lui paraissait toujours aussi sombre et inquiétante et elle ne put retenir un frisson lorsqu’elle imagina ce qui pouvait encore se cacher derrière ses arbres imposants. Silencieuse, elle glissa les mains dans ses poches et crispa ses épaules afin de dissimuler le bas de son visage derrière son foulard. Il ne faisait pas spécialement froid mais ce geste la rassurait, elle se sentait moins exposée.

~ Oh non merci… Vous pouvez tout manger, je… Je n’ai pas faim.

Même si elle avait s’était reprise en main, l’appétit lui n’était toujours pas réellement présent. Elle grimaça dans son foulard en imaginant l’air contrarié qu’aurait pris Cho en entendant sa réponse. Et puis, le jeune homme en avait plus besoin qu’elle sans compter qu’elle n’aimait pas le chocolat.
Elle allait lui expliquer une nouvelle fois qu’elle n’était pas une chasseuse de loup garous comme il semblait absolument le croire, lorsqu’elle réalisa qu’il venait de la tutoyer. Fronçant les sourcils perplexe, elle hésita avant d’ajouter quoique ce soit et le jeune homme en profita pour la remercier de l’avoir aidé. Elle sentit ses joues rougirent, elle était d’autant plus gênée par la chaleur de sa voix alors qu’en réalité elle avait failli fuir à toutes jambes en comprenant qui il était.

~ C’est… pas grand-chose…

Emmie était le genre de personne qui ne savait pas comment réagir lorsqu’on la remerciait ou qu’on la félicitait. Et cette fois là ne dérogea pas à toutes les autres. Plantée comme un piquet, elle fixa Remus sans savoir ce qu’elle devait dire de plus ou même faire.

~ Je vous… Je te l’ai dit, je ne suis pas une chasseuse… Je cherche juste une réponse. Mais maintenant que je suis là, je me trouve juste stupide d’être venue ici.

Il semblait que l’humeur devenue plus amicale de son interlocuteur venait à bout de sa méfiance envers lui. Réalisant qu’elle était en train de se remettre en doute devant un parfait inconnu, Emmie n’en dit pas plus et lui adressa juste un sourire gêné avant de piétiner d’un pied sur l’autre. Elle n’avait plus aussi peur mais elle était toujours mal à l’aise dans ce lieu.

Manger me faisait du bien, me donnait des forces. Le chocolat me rassérénait, la présence d'Emmeline ne me faisait plus peur, je retrouvais des couleurs. Bref, il n'y avait pas de quoi s'inquiéter. Et surtout, je pourrais bientôt rejoindre Mégane que je n'aimais pas laisser toute seule surtout en ce moment.

"Comme tu veux ..."

Je me fichais qu'elle mange ou pas, je n'étais pas son père ni sa meilleure amie, mais c'était vrai qu'elle avait une petite mine. Maintenant que nous étions sorti de l'obscurité des bois je pouvais aisément le remarquer. Nous n'étions pas assez proches pour que je puisse me permettre de lui en faire la remarque cependant.

La manière dont elle était gênée était adorable et me fît sourire. Mais elle m'avait rendu un immense service en me ramenant là et j'estimais que j'avais une dette envers elle. Mais cela non plus je ne lui dis pas pour ne pas la gêner d'avantage.

C'était raté, et je crois que je l'avais vexée en la qualifiant de chasseuse. J'étouffais un rire, et pris une nouvelle pomme dans mon sac et cassai quelques carré de chocolat.

"C'est pas ce que je voulais dire."

Elle m'expliqua alors qu'elle cherchait une réponse, mais que maintenant qu'elle était arrivée jusque là elle se trouvait stupide. Cela, je ne pouvais pas le juger, par contre je trouvais sa démarche insensée parce qu'elle était dangereuse.

"Et ... Cette question, est-ce qu'un gars comme moi peut y répondre ? Histoire de voir si t'as pas fait tout ce chemin pour rien ... "

Je crois que j'espérais sincèrement pouvoir l'aider. Pas parce que c'était elle, mais parce que c'était moi, j'étais comme ça. Ceci dit, si elle voulait savoir ce que j'avais fait la nuit dernière je serais dans l'incapacité de lui répondre. Si elle se posait simplement des questions sur les loups, là, je pourrais la renseigner, mais je ne lui dirais rien de plus que ce qu'elle apprendrait en lisant un livre. Enfin, l'option la plus plausible était ...

"Tu ... Tu cherches quelqu'un peut-être ?"

Là par contre, elle allait être déçue car je ne connaissais personne ... Je ne voulais pas. Il y avait des Loups-Garou qui se marginalisaient et qui étaient persuadés qu'ils trouveraient leur salut en perpétuant notre race ... D'autre qui se sentaient menacés en permanence. Moi je ne tenais pas à me retrouver parmi eux et à me couper du monde. Je tenais absolument à vivre avec mes amis, a milieu des autres et à faire semblant d'être normal.

Emmie devait reconnaître qu’elle avait mal jugé son partenaire. Maintenant qu’il avait repris des forces et fait le nécessaire pour paraitre plus civilisé, Remus se montrait beaucoup plus amicale avec elle. Alors lorsqu’il lui proposa de l’aider, ou du moins de tenter de le faire, elle ne sut pas vraiment quoi dire. C’est vrai, ce n’était pas parce qu’il se montrait gentil et que son visage lui semblait familier qu’elle allait lui demander de but en blanc : est-ce que c’est toi le loup garou qui a assassiné toute ma famille il y a un an ? En plus que ferait-elle si jamais c’était le cas ? Transplaner en plein milieu d’un bois sombre quelques heures avant le lever du soleil était déjà une idée particulièrement stupide vu qu’elle n’avait jamais fait de vrai duel de sorcier hormis ceux qu’on leur faisait faire à l’école. Non, il valait mieux qu’elle continue à se montrer prudente, car même si le jeune homme en face d’elle lui semblait inoffensif ou du moins ne montrait pas de signe d’agressivité envers elle qu’il ne changerait pas de comportement si jamais elle l’accusait d’une chose aussi horrible. Mais en même temps, maintenant qu’ils en étaient là, que le sujet était soulevé, ça lui brûlait la langue de ne pas le dire.

~ Quand je t’ai dit mon nom tout à l’heure, est-ce que cela ne t’a pas rappelé quelque chose ?

Finalement elle s’était abstenue de l’accuser directement. De toute façon cela n’aurait pas était productif de son point de vue. A sa place, elle n’aurait pas aimé qu’on l’accuse sans preuve, juste parce qu’il était ce qu’il était. Et puis elle l’avait dit, ce qu’elle voulait c’était des réponses.

~ Une histoire vieille de plus d’un an maintenant… La gazette en a parlé plusieurs semaines jusqu’à…

Emmie ne termina pas sa phrase, c’était vraiment trop pénible pour elle de dire : jusqu’à l’enterrement de mon petit frère. Baissant la tête pour fuir le regard de Remus, elle inspira profondément pour repousser ses larmes. Elle était tellement fatiguée de pleurer, de se montrer faible sans arrêt.

J'identifiais assez vite une technique qu'on emploi quand on ne veut pas répondre à une question : on répond par une autre question, et c'était ce qu'elle venait de faire. Est-ce qu'elle se méfiait de moi ? C'était plus que probable, et compréhensible aussi. Je ne lui en voulais pas pour cela. Les Loup-Garou n'étaient pas des créatures très recommandables après tout. Mais je lui souris, en secouant la tête par la négative.

"Comme ça ? Non ... "

Est-ce que j'étais censé la connaître ? Certainement, mais à Poudlard on se connaissait tous plus ou moins même si elle avait l'air d'avoir deux ou trois ans de plus que moi, on s'était fatalement croisé à un moment donné dans les couloirs ou pendant un cours.
Je la regardais pour essayer de la remettre et effectivement, peut-être l'avais-je vue assise à la table de Serpentard.

Apparemment, je n'étais pas sur la bonne piste. Et elle me remit sur la voie en évoquant la gazette du sorciers. Même si son nom ne me disait toujours rien, le fait était que l'évocation du journal alors que nous parlions de "chasse" et de loup-garou venait de me heurter l'esprit.
A peu près quand j'avais quitté Annabelle, y avait eu toute une histoire, sur une famille décimée par un loup-garou, c'était d'ailleurs ce qui m'avait conforté dans l'idée qu'Annabelle était bien mieux loin de moi. Ce fait divers avait été capital quand j'avais pris ma décision.

"Euh, oui, je me rappelle. J'avais oublié ton nom même si l'article te mentionnait. Je comprends mieux maintenant mais ... enfin, c'est pas moi, juré. Quand c'est arrivé j'étais ..."

Je n'étais pas tellement disposé à évoquer ça avec quelqu'un cependant ... Je n'en avais jamais parlé, pas même à James et Sirius.

"Enfin, c'était pas moi."

C'était assez pauvre comme argument, mais je n'avais rien d'autre à avancer, ma parole devait lui suffire, même si c'était assez peu probable.

"Et puis, je ne sais pas. Entre loups on ne se mélange pas beaucoup ..."

Là j'avoue que je ne savais pas quoi lui dire d'autre.

Elle était soulagée qu’il ait fini par faire le rapprochement entre elle et son passé mentionné dans la gazette car elle n’aurait pas eu la force de lui raconter. Même si plus d’un an s’était écoulé, Emmie ne parvenait pas à en parler. A chaque fois qu’elle en était forcée, elle revivait chaque moment douloureux. Le lourd silence qui régnait dans le bureau de Dumbledore juste avant qu’on lui annonce la terrible nouvelle et le froid qui l’envahit juste après alors qu’on l’avait assise près du feu. Et puis il y avait ce jour terrible où les infirmières la retenaient tandis que le médecin couvrait son frère sans vie d’un drap, là, juste sous ses yeux. Et le froid de nouveau, plus fort cette fois, tellement fort qu’elle sentit tous ses muscles s’engourdirent avant qu’elle ne s’effondre. Alors non, elle n’avait pas la force de dire qu’elle cherchait l’individu qui lui avait arrachait le cœur le jour où il avait assassiné toute sa famille, la laissant seule et sans réponse.
Mais le soulagement ne fut que de courte durée. Car au fond de son cœur, elle aurait souhaité qu’il soit le meurtrier. Pas qu’elle avait quelque chose contre lui, non. Seulement si cela avait été lui, elle aurait eu sa réponse enfin. Et vu ce qu’elle avait vu de lui, elle aurait peut-être même pu lui pardonner, peut être… Mais au moins elle aurait eu sa réponse, et qu’importe ce qu’elle aurait fait avec elle, Emmie était persuadée qu’elle aurait pu passer tirer un trait sur tout ça, passer à autre chose. Mais ce n’était pas le cas, Remus lui affirmait qu’il n’était pas le responsable de son malheur.

~ C’est pas toi ?

Elle le fixa une instant, espérant malgré tout qu’il lui mentait. Qu’il cherchait à se protéger de sa colère ou de se convaincre lui-même qu’il en était incapable… N’importe quoi, tout mais pas sa réponse.

~ Non, c’est pas toi…

Elle n’avait pas besoin de lui faire confiance ou quoi que ce soit, elle le sentait. Elle sentait qu’il n’était pas celui qu’elle cherchait. Elle s’était lancée dans une quête complètement folle, elle avait été morte de trouille dès l’instant où elle avait posé les pieds dans les bois et en tombant sur lui, elle pensait enfin arriver à la fin de cette période difficile. Mais au lieu de ça, elle avait de nouvelles question et de nouveau peur. Son cœur était de plus en plus serré au creux de sa poitrine et ses jambes se mirent à trembler. Ce qu’il lui dit ensuite, elle ne l’entendit même pas. Tout ce qui résonnait dans ses oreilles c’était son aveu d’innocence. Elle n’eut pas le temps de comprendre quoi que ce soit, ses forces l’abandonnèrent et Emmie s’effondra sur le sol humide. Elle ne chercha même pas à retenir ses larmes cette fois et se mit à sangloter bruyamment. Ridicule, elle était pitoyable, faible et inutile. Elle pleurait sans arriver à s’arrêter devant quelqu’un qu’elle venait juste de rencontrer et parce qu’il n’était pas l’assassin qu’elle espérait. Elle aurait tellement voulu que tout s’arrête là, ce soir. Mais au lieu de ça, elle devait envisager de recommencer, de repartir à la chasse, comme il lui avait si bien fait la remarque un peu plus. Mais elle ne voulait pas ça. Elle ne voulait pas perdre son temps et son énergie à pourchasser une chimère, elle tout ce qu’elle voulait c’était se relever et vivre sa vie. Tentant de sécher ses larmes, Emmie ne réussit qu’à se barbouiller le visage de terre qui s’était posée sur ses mains lorsqu’elle était tombée. Elle n’arrivait plus à respirer correctement à force de sangloter.

~ C’est trop… dur… Je peux pas…

Elle ne pouvait pas continuer non… Pas comme ça, pas toute seule, sinon elle allait se perdre. Et ça elle ne le voulait pas, sa famille ne l’aurait pas souhaité.

Par contre, ce qui se passa ensuite, j'avoue que je n'y compris rien, mais alors rien du tout ! Etait-ce parce que j'étais devenu un loup-garou que je ne comprenais plus les gens tout-à-coup ? Je ne savais pas vraiment quoi en penser. Tout d'abord, j'ai cru qu'elle ne me croyait pas.

"Non, ce n'est pas moi. A cette époque-là je ... j'étais au chevet de quelqu'un. A Sainte Mangouste. Je m'en souviens parce que c'est cette affaire qui m'a aidé à décider de m'éloigner d'une personne à qui je ne pouvais faire que du mal ..."

Et elle répéta sa dernière phrase, là je ne su quoi répondre. Je me relevais, interdit. N'arrivant pas à définir si elle était soulagée ou anéantie ... Mais pourquoi le serait-elle dans le second cas ? Elle ne disait plus rien, mais j'avais l'impression que quelque-chose se produisait. A l'intérieur.

"Emmeline ?"

Elle s'effondra alors en larmes sur le sol et je me sentis encore plus démuni. J'hésitais à la relever, à lui tapoter le dos avec affection, et même à partir, parce qu'il était évident que ma présence ne lui était d'aucun secours. J'entends par là que ce n'était pas quelqu'un comme moi, un loup-garou qui pourrait la réconforter. Même si elle m'était sympathique, même si nous devenions amis, il n'y avait aucune chance pour qu'elle me considère autrement que comme un loup-garou comme celui qui avait massacré sa famille. Déjà que pour la plupart des gens c'était pas facile.

"Je ... je ne sais pas quoi te dire. Ce que tu as vécu est horrible, et c'est arrivé par la faute d'un des miens.Si je pouvais, je rachèterais cette faute mais ... Je ne le pourrais pas ... On ne peut pas ramener les morts à la vie ..."

Quelle manière particulière de consoler quelqu'un. Mais pourtant c'était vrai : ce qui était fait était fait. La plupart de mes congénères et moi même subissions ce que nous étions, mais nous n'étions pas les seules victimes de ce funeste sort.

"Il y a même la possibilité que celui qui ai fait ça ne s'en rappelle même pas en fait. Je suis désolé."

Je ne dis plus rien parce que j'avais vraiment l'impression de m'enfoncer, encore et encore. Mais croyez bien que si j'avais pu faire quelque-chose pour elle, n'importe quoi, je l'aurais fait sans aucune hésitation ...

A force de sangloter sur le sol, Emmie commençait à sentir l’humidité de la terre s’immiscer sur ses genoux. C’était désagréable. Mais d’un autre côté ses larmes avaient complétement mouillé son visage, son col et ses manches dont elle se servait pour les essuyer à défaut de ses mains sales. Si elle n’était pas abattue par la situation dans laquelle elle se trouvait, elle aurait probablement eu honte de l’image qu’elle donnait d’elle ou du moins elle se serait souciait de ce qu’aurait pu penser Remus à la voir ainsi. Seulement là, tout ce qu’elle tentait de faire c’était de s’empêcher de pleurer, de se ressaisir pour affronter ce qui l’attendait encore. Avec beaucoup de volonté, la jeune femme parvint à calmer suffisamment ses sanglots et réussit en entendre la tentative de son interlocuteur pour la réconforter. Elle tiqua lorsqu’il souligna le fait qu’on ne pouvait pas faire revenir les morts à la vie.

~ Tu l’as dit toi-même… Ce n’était pas toi ! Ce n’est pas à toi de faire quoi que ce soit.

Elle le fixait, les yeux encore humide et le nez rougi. Elle lui en voulait un peu de sa réponse. Il ne comprenait apparemment pas ce qu’elle souhaitait au plus profond d’elle. Mais d’un autre côté, Emmie se sentit désolée pour lui, qu’il partage la responsabilité de ce qui lui était arrivé uniquement par qu’il avait était victime d’une morsure de loup garou. Comme si maintenant, il ne faisait plus parti de son monde. Reniflant bruyamment, elle essuya ses mains pleines de terre sur ses cuisses, tant pis pour le pantalon, de toute manière il était déjà fichu. Puis, péniblement, elle se releva à son tour, tirant sur son manteau et essayant d’avoir une allure plus présentable. Finalement ses paroles avaient réussi à calmer ses sanglots.

~ Désolé ? Non ça… ça serait la pire des choses… Comment on peut ne pas se rappeler avoir tué trois personnes ?

Elle n’avait pas pu s’empêcher de rire tristement en apprenant que celui qu’elle cherchait pouvait ne pas se rappeler de ce qu’il avait fait. Si c’était réellement le cas, alors tout ce qu’elle avait traversé jusqu’à ce soir n’aurait servi à rien. Et ses parents, son petit frère, où serait la justice là-dedans si celui qui leur avait ôté la vie ne savait même pas ce qu’il avait fait. Emmie avait mal dans la poitrine encore une fois, instinctivement elle porta sa main contre son cœur. La colère et l’incompréhension prenaient place devant la peine.

~ Alors j’ai perdu toute ma famille et quoi ? Rien ? Je ne saurais jamais pourquoi ? C’est comme ça que vous vous justifiez ? "On ne se rappelle de rien, désolé !"

Emmie avait haussé le ton, s’approchant de Remus, menaçante. Elle était excédée par ces paroles. Bien sûre elle savait qu’il ne faisait qu’essayer de la réconforter. Mais ça avait le don de l’énerver encore plus qu’il prenne la défense des autres loups garous. Se rendant compte, qu’elle exagérait, la jeune femme arrêta sa progression et leva les yeux au ciel avant d’enfoncer ses mains dans ses poches et de le fixait à nouveau, un regard moins dur sur le visage.

~Excuse-moi c’est juste que… A t’entendre on dirait que tu te sens responsable de tous les autres sorciers qui sont victimes de la morsure de loup garou. Et… A moins que tu ais transformé celui qui… tu vois… T’as pas à te sentir coupable ou responsable de tout ça… Parce que tu vois… Je me sens pas mieux...

Je me sentais démuni devant sa détresse et ne savais vraiment pas quoi faire. Les yeux rivés vers le sol, j'évitais à tout pris son regard culpabilisateur. La culpabilité, je la portais déjà sur moi tous les jours, je la transpirais par tous les pores de ma peau, je ne pouvais supporter un tel regard. Mais le plus dur dans tout cela, c'était qu'elle avait entièrement raison. Rentrant la tête dans mes épaules, j'attendais qu'elle ai déversé toute sa colère, même si à mon avis, j'en aurais pour plus d'une décennie. Quand elle eut fini de parler, enfin, je pris la parole d'une voix mal assurée.

"En fait, je suis désolé de ne pas pouvoir t'aider. Tuer une personne, c'est ignoble, alors trois ... c'est inconcevable. Rien ne peux excuser ce qui s'est passé. Je tentais juste de t'expliquer que ... Quand on se transforme, on ne se contrôle plus ... C'est comme si la colère, la fureur nous dévorait.
Je me suis certainement battu avec un animal beaucoup plus grand que moi ... Un chien de berger, un cerf, un sanglier ... J'en sais rien. Je n'ai que de vagues bribes de souvenirs, je ne pourrais pas dire ce que j'ai fait exactement.
Alors le loup qui t'a séparé de ta famille ne fait pas exception, à moins qu'il ne se contrôle, mais c'est assez peu probable. Et le pire dans tout ça c'est qu'on ne pourrait pas savoir si son meurtre était intentionnel ou non. Si ça se trouve, ils étaient là, au mauvais endroit et au mauvais moment."

J'avais la voix qui tremblait alors que je racontais cela, et les larmes qui montaient. Parce que ce crime je l'avais déjà commis et que j'en ressentais la culpabilité, tous les jours. Par pudeur, je me retournai en me prenant en pleine gueule le beau visage mutilé d'Annabelle et son corps allongé sur un lit d'hôpital. J'avais détruit sa vie à cause d'une stupide imprudence. Peut-être que cela aiderait Emmeline à comprendre de le savoir ? Je ne savais pas, mais sans doute parce que je voulais qu'elle comprenne qu'avant d'être un loup j'étais un humain, je me retournais vers elle les yeux rougis par la tristesse.

"On est ... plus vraiment nous-même."

Je resserrai mes bras autour de moi, pour me donner du courage et livrer ce que je n'avais jamais dit à personne.

"L'an dernier en sortant de Poudlard, j'ai voulu m'installer avec ma petite amie ..."

Cette pensée m'arracha un sourire. Tout était tellement simple à cette époque.

"On venait d'inventer une potion, faite à base de Napel pour que le loup se tienne tranquille. Avec cette potion, on se transformait quand même, mais on ne devenait guère moins dangereux qu'un gros chien. Cette potion a été inventée par Slug' et avant que je ne parte de Poudlard, il m'en avait donné un peu, pour quelques mois.
Malheureusement, les choses ne se sont pas déroulé comme prévu et ... une erreur dans la préparation, je ne sais pas ... car ... "

Je serrai les lèvres, ne pouvant pas continuer car un sanglot s'était coincé dans ma gorge.

"Quand je suis redevenu moi-même ... Elle étais sur le sol, inconsciente. J'ai anéanti sa vie. Et le pire c'est que je n'en ai aucun souvenir."

Je relevais la tête, sans pour autant parvenir à regarder Emmeline dans les yeux.

"La plupart d'entre nous vit avec une grande culpabilité, c'est vrai. J'éprouve moi-même beaucoup de rancoeur contre le loup qui m'a mordu mais ... Je ne peux pas toujours être en colère ... Enfin ..."

Et pour conclure, je disais ...

"Nous sommes des hommes ... Avant tout. Je sais que ça peut être difficile à croire, mais c'est pourtant le cas."

Emmie avait écouté en silence les explications et les souvenirs que Remus avait bien voulu partager avec elle de ce qu’il vivait et ce qu’il savait des loups garous. Ses sentiments étaient toujours partagés entre la colère et la peine. D’apprendre qu’elle n’aurait peut-être jamais de réponse à la question qui la hantait chaque jour depuis ce qui s’était produit faisait bouillir son sang. Elle serrait les poings à l’intérieur de ses poches et se mordillait la langue pour se retenir d’exploser en propos injuriant et culpabilisateurs. Mais d’un autre côté, elle ne put s’empêcher de se radoucir et d’éprouver de l’empathie pour l’individu en face d’elle en apprenant ce par quoi il était passé lui aussi. A chaque mot qu’il prononçait, Emmie avait la sensation qu’il allait s’effondrer et inconsciemment, elle s’approcha de lui, les mains toujours fourrées dans ses poches. Elle sursauta d’ailleurs lorsqu’il releva la tête vers elle, les yeux humides par les souvenirs qu’il avait fait ressurgir pour l’aider à comprendre. Elle eut envie de tendre la main vers lui, attraper sa manche pour lui faire comprendre qu’elle était désolée mais ses dernières phrases la stoppèrent et elle se braqua de nouveau.

~ C’est surtout toi qui dois te convaincre de ça tu sais…

Emmie était un peu vexée qu’il lui donne des conseils sur ce qu’elle devait penser des personnes comme lui. L’espace de quelques secondes, elle se sentit inférieur à lui et elle n’aimait pas du tout l’idée. Enfin ce qui la dérangeait le plus c’est qu’elle avait la sensation qu’il la prenait pour une personne si étroite d’esprit qu’elle mettait tous les loups garous dans le même panier.

~ Parce que pour moi c’est plutôt clair sinon… N’importe quel sorcier loup garou aurait fait l’affaire comme coupable…

Elle avait du mal à se retenir de prendre un ton blessé. Elle n’avait jamais été très sociable jusqu’à présent car elle ne savait pas interagir avec les autres, surtout à l’école où l’on passe son temps à calculer ses réactions en fonction de l’image que l’on veut donner de soi. Du moins c’est ce qu’elle avait toujours ressenti. En fait ce qui l’énervait le plus c’est qu’elle avait la sensation qu’il tentait de la convaincre que tous les loups garous n’étaient pas mauvais mais ça elle l’avait déjà compris, elle n’était pas aussi catégorique que ça.

~ Comme je te l’ai dit plus tôt TES excuses ne m’aident pas à aller mieux parce que ce n’est pas toi le fautif…

Emmie se détestait d’être aussi blessante mais ces derniers temps, elle ne savait plus enrober ses reproches sous des tonnes de guimauve verbale pour que ça passe comme une lettre à la poste. Au lieu de ça, elle lui reprochait encore de prendre la défense de toutes les victimes de morsure comme lui. Et vu ce qu’il venait de lui raconter sur son passé, elle le trouvait vraiment dur avec lui-même de s’infliger la responsabilité des actes des autres.

~ Excuse-moi… Encore une fois… Mais tu devrais arrêter d’essayer de me convaincre qu’ils ne sont pas tous des monstres. Je suis pas stupide… Bon c’est vrai que c’est ce que je t’ai dit tout à l’heure mais… pas tant que ça en fait.

Je regardais dans le vague en hochant doucement la tête. Une fois de plus, Emmeline avait raison et je ne pouvais pas le nier une seule seconde de plus. Il ne se passait pas une seconde dans ma vie sans que je ne lutte contre la culpabilité qui me rongeait. Je n'acceptais toujours pas ce que j'avais fait. Quand Annabelle s'était réveillée, quand je l'avais vue assise sur son lit faisant dos à la porte, je n'avais pu en franchir le seuil. Je savais que je ne serai pas capable de supporter ma culpabilité, que je ne pourrais encaisser son regard lourd de reproches, et pire encore, son pardon. Parce qu'elle était comme ça Anna, elle pardonnait tout, et ce que j'avais fait était impardonnable. Quelque-chose s'était brisé ce jour-là et je ne l'avais plus jamais revu.

"Ouais ..."

Et comme si je pouvais expier ma faute, je portais sur mes épaules tous les crimes de ceux de ma race, mais en vain. Et puis après tout, moi aussi j'avais perdu mes parents cette nuit là, et j'avais 10000 raisons de vouloir me venger de ce loup ... Sauf que je n'en avais pas envie. Peut-être par le fait d'en être un moi-même ? Je ne savais pas. Depuis ce temps j'allais de maison en maison, je n'avais pas vraiment d'attaches, pas de foyer du tout.

"C'est pas grave ... Et tu as raison. Mais je crois que d'un côté, ça m'aide à supporter le poids de cette culpabilité."

Toujours en regardant dans une autre direction, j'essuyais mes yeux, car on avait tout de même sa pudeur ! Comme si fuir son regard allait l'empêcher de voir que j'avais pleuré bien sûr ...
Finalement, après quelques instants de silence, je recroisais son regard, et eu le courage de lui esquisser un petit sourire.

"Je sais que c'est peu de choses, mais tu m'as sauvé la vie, en quelques sortes. J'ai une dette envers toi alors ... Je te renverrai la pareille, un jour ou l'autre. Avoir quelqu'un parmi ses ennemis qui à une dette envers toi ... ça peut t'être utile."

A vrai dire je n'étais pas vexé de la situation, j'avais envie de montrer à Emmeline quel genre de bonne personne je pourrait être. Et si je l'aidais, peut-être que j'aurais le sentiment de racheter mes fautes ...

Même s’il tentait de le cacher en lui faisant dos, Emmeline avait compris que l’histoire que Remus lui avait raconté l’avait rendu fragile émotionnellement. Mais elle ne fit aucune remarque et ne chercha pas à faire quoi que ce soit le temps qu’il parvienne à se maîtriser. Elle n’était pas très à l’aise avec les larmes des autres, ne sachant pas quoi dire ou faire pour retourner la situation. Du coup, Emmie était plutôt soulagée qu’il ne lui montre pas son visage et fit semblant de ne pas s’en apercevoir. Elle attendit en silence, les mains toujours dans les poches pour les protéger du froid, le fixant tranquillement. Elle cogitait ce qu’il venait de lui dire sur son passé, sa manière de surmonter tout ça. Pour elle, il n’avait pas fait le bon choix, préférant s’automutiler en endossant tous les actes des loups garous dont il entendait parler. C’est comme si un sorcier s’excusait auprès des moldus des mauvais agissements d’autres sorciers. Ça n’avait pas beaucoup de sens. Mais chacun sa manière de voir les choses après tout.
Elle venait d’enfoncer sa tête une nouvelle fois au creux de son foulard, sentant la brise lui mordre les joues, lorsqu’il finit par se retourner vers elle, lui adressant un sourire et des remerciements. Elle ne put s’empêcher de rire lorsqu’il prononça le mot « ennemis ». Décidément il ne démordait pas l’idée qu’elle en avait contre tous les loups garous du monde.

~ Commence par arrêter de dire n’importe quoi… Tu ne me dois rien du tout et tu n’es pas non plus mon ennemi parce que tu as subi la malédiction de la lune. C’est stupide !

Pour la première fois depuis qu’elle était tombée sur lui, ses mots étaient plus enjoués. Doucement, elle finit par s’approcher de lui pour mettre une distance plus convenable à la discussion. Et même si elle dissimulait le bas de son visage dans son foulard pour se protéger du froid, on pouvait voir qu’un sourire étirait ses lèvres grâce aux plis sous ses yeux.

~ Depuis que je t’ai rencontré, j’ai l’impression d’être en guerre contre les loups garous…

C’était une idée ridicule. Elle n’avait jamais mené un duel en dehors de l’école et même si elle voulait trouver le responsable du meurtre de sa famille, elle espérait vraiment ne jamais devoir menacer quelqu’un.

Elle avait raison une fois de plus ce que je disais n'avais pas vraiment de sens mais elle m'avait poussé dans mes retranchement. J'eus un petit rire, tout de même, parce que ses réflexions étaient hors du commun. D'habitude on est tous mis dans le même sac. Si j'avais choisi de ne pas avancer sur la voie de la vengeance, c'était pour continuer à vivre. Tout simplement. Et puis faire des choses humaines ça me faisait aussi oublier quel monstre j'étais, même si le plus souvent la réalité finissait toujours par me rattraper.

Au moins, j'avais réussi à lui tirer un sourire, et moi aussi je souriais. Ravi que la conversation prenne alors une tournure plus positive, je me risquais même à faire un peu d'humour.

"Et moi donc je t'ai carrément prise pour une chasseuse de loup, tu m'as même fait un peu peur au départ ..."

Prenant un air plus sérieux, j'enchaînais tout de même.

"Enfin, c'est bien normal d'être révolté. Je ne sais pas vraiment ce que je ferais si j'étais dans "l'autre camp" à vrai dire ... Mais que tu le veuilles ou non c'est la loi des sorciers j'ai une dette envers toi alors si un jour tu as besoin de moi ... j'habite pour le moment à Kensington."

Réalisant que cette information pouvait paraître pour le moins incongrue vu mon allure générale, je me rattrapai.

"Enfin, je suis hébergé hein ..."

Non je n'avais pas les moyens de me loger dans le quartier le plus huppé de Londres, je pouvais à la rigueur me louer une chambre de bonne en banlieue, et encore. Dans mon cas il fallait choisir entre manger et se loger.
Penser à mon chez-moi me faisait penser à Mégane qui m'attendait, je ne pouvais pas rester absent plus longtemps. J'avais retrouvé assez de forces pour transplaner, et j'estimais qu'Emmeline pouvait se passer de moi maintenant que nous n'étions plus dans les bois.

"Je dois rentrer. Merci pour tout et n'hésite pas ... en cas de besoin."

Un sourire encore, et je disparu dans un bruit de détonation pour arriver devant l'hôtel particulier des Shadow's.

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