Ce lundi était un jour comme un autre. Le chef des Aurors n'avait plus vraiment opéré de distinctions entre les différents jours de la semaine depuis des années. Il travaillait maintenant sept jours sur sept et quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre car quand il dormait il en rêvait. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu sa maison en pleins jours.
Il marchait dans les couloirs d'un pas pressé, il avait une petite chose administrative à faire et cela l'ennuyait profondément. Calum était un homme d'action et Edgar ayant refusé de lui obéir pour changer, il était obligé de le faire lui-même et était donc doublement contrarié.

Il pénétra dans le bureau du département des jeux et des sports magiques (qui était aussi utile qu'un sapin de noël à ses yeux) sans aucune gêne. Il ne salua personne et demanda tout de suite après la personne qu'il était venu voir.

"Je viens voir Newill."

Le sorcier qui était là lui indiqua un des bureau de l'espace commun derrière lequel était assise une jeune femme blonde, et sans la regarder, il posa devant elle un parchemin.

"Calum McLean, du bureau des Aurors. Je viens vous déposer votre parchemin de licenciement. Vous êtes attendue dans 10 minutes au troisième étage, prenez vos plumes."

Calum n'attendit pas de réponse de la part de la jeune sorcière et tourna les talons. Normalement, elle était censée savoir où se trouvait le bureau des Aurors. Tout le monde sait où se trouve le bureau des Aurors ... Non ? Non. Le sorcier poussa la porte du bureau, et rencontra un obstacle dur. Il se rendit compte après quelques minutes que cet obstacle était en réalité Edgar, mais ce dernier était déjà parti il n'eut donc pas le loisirs de s'excuser.
Il traversa l'open space et rejoint son propre bureau. Quelques minutes plus tard, le chargé de l'accueil qui était en réalité un Auror désœuvré, vint le trouver pour lui annoncer la venue de la nouvelle.
Calum était beaucoup plus dans son élément dans le bureau des Aurors qu'il ne l'avait été au Département des Jeux et Sports Magiques, il souriait presque. Il écarta les affaires du remplaçant de l'accueil pour que Rayane puisse poser ses plumes dessus et tout ce qui lui chantait.

Mais il vit dans le regard de la fort jolie blonde qu'il ferait mieux de fournir quelques explications.

"Vous ne travaillez plus au département des Jeux et des Sport Magiques, vous travaillez maintenant au bureau des Aurors. On a personne pour recevoir, lire et classer le courrier, ainsi que certaines petites affaires mineures. Je pense que vous aurez plus votre place ici qu'au département des ballons magiques ... du quidditch, je ne sais pas trop ce qu'ils y font en fait. Bref. Je vous ai vu à Godric's Hollow et croyez moi ... c'est votre place."



L'auror lui avait dit ça sans détours et sans cérémonie.

"Si vous avez des questions ... n'hésitez pas ... tiens d'ailleurs le courrier arrive."

5 hiboux s'engouffrèrent par les fenêtres et déposèrent des parchemins (dont une beuglante) sur le nouveau bureau de Rayane sur lequel s'étalait son nom en lettres dorées : Rayane Neewill, chargée d'accueil au bureau des Aurors.

Une journée normale au bureau des Aurors, Calum y était habitué. Il arrivait le matin (s'il n'y avait pas passé la nuit) et ne savait pas quand il pourrait repartir. Il étudiait soigneusement chaque affaire, affectait un Auror "sur le coup" comme il disait, mais suivait tout ce qui s'y passait et de près. Il aimait avoir des rapports réguliers des avancées des enquêtes et savait montrer son mécontentement lorsque l'un de "ses gars" ses reposait sur ses lauriers. Il y en avait bien sûr en qui il avait confiance, d'autre un peu moins et ceux-là généralement ne faisaient pas long feu. Calum se moquait un peu de passer pour un chef tyrannique ... On ne plaisante pas avec la sécurité des gens surtout par les temps qui courent.

Son bureau était un monstrueux foutoir sur lequel s'amoncelait rapports, rouleaux de parchemins et photographies, reste de sandwich de la veille et fond de jus de citrouille ou de whisky pur feu, on ne savait pas trop. Il n'assumait pas ce bazar et avait donc horreur qu'on se rende dans son bureau sans qu'il ne soit pas prévenu avant (le temps de rendre les choses plus présentables) mais en même temps, ranger étant une telle perte de temps qu'il gagnait plus à se déplacer lui-même.
Il était penché sur un dossier qui concernait une attaque de Mangemorts dans la ville de Bristol mais il leva vite les yeux de ses papiers quand la jeune fille qu'il venait d'embaucher (ou plutôt d'arracher au département des joueurs) se manifesta.

- Excusez moi de vous déranger monsieur, mais j'aurais quelques questions.


"Et bien posez-les à la personne qui s'occupe de l'accueil ce n'est pas mon rôle !"

Mais comme s'il n'avait rien dit, elle continua. Il leva les sourcils devant cet affront qui l'avait en réalité plus interpelé que scandalisé. Calum n'était pas tellement du genre à s'offusquer quand on contrariait son autorité, il avait juste les tire-au-flanc en horreur. Alors il ne demanda pas à Rayane de quitter les lieux.

- D'abord, j'aimerais savoir qui a demandé ma débauche ? -Moi ! Et pourquoi ? -Parce que vous n'avez rien à faire (comme tout le monde d'ailleurs) au second et que c'est du gâchis de vous y laisser. Ais-je mon mot à dire ?-Non. Et si je n'avais pas envie de travailler pour vous ? - Comment ? Ensuite, je trouve que vous m'avez un peu laissé à la dérive. Vous auriez pu m'expliquer quelques petites choses du métier, je n'y connais rien moi au métier d'Auror. -Vous n'êtes pas engagée comme Auror ... Et enfin, vous avez un distributeur de jus de citrouille dans le coin ? Un distri ...

Il avait répondu à toutes ses questions du tac-au-tac, sans pour autant comprendre comment on ne pouvait pas avoir envie de travailler au bureau des Aurors dans le sens où elle ferait le même travail qu'avant mais dans un département utile. Et un distributeur de jus de citrouille, c'est quoi cette histoire ? Pourquoi pas un Elfe de Maison perso aussi ?
Il se leva et derrière son bureau il paraissait imposant. Rayane Neewill avait au moins eu le mérite de retenir son attention et ce n'était pas donné à tout le monde. Quand il lui parla, sa voix était toujours emprunte d'autorité, mais s'était nettement adoucie.

"J'ai demandé votre affectation au Bureau des Aurors parce que c'est là qu'est votre place, pas aux Jeux et aux Sports Magique. Je ne sais pas exactement qui vous êtes, mais je sais ce que vous n'êtes plus en tous cas. Une joueuse de Quidditch nationalement reconnue. Mais en revanche ... vous avez fait preuve de courage - ou d'inconscience, je ne sais pas, je n'ai pas encore tranché sur cette question lors des derniers évènements à Godric's Hollow pour sauver la vie d'une personne au péril de la vôtre.
Alors, je n'ai rien à vous dire sur le métier des Aurors si ce n'est qu'ils sont payés pour faire ce que vous avez déjà fait une fois. Par contre, votre jus de citrouille, allez le chercher vous-même ..."

Sur ces dernières paroles, il empila les gobelets qui se trouvaient sur son bureau. C'était un tel capharnaüm que c'était à se demander comment il faisait pour s'y retrouver. Heureusement que ce n'était pas le bordel dans sa tête.
Il espérait que ses réponse satisfassent la jeune femme parce qu'il avait clairement autre chose à faire que de s'occuper de l'accueil des nouveaux employés ... le travail ne manquait pas ici.

Calum répondit à Rayane par un grognement quand elle le remercia. Pourquoi le remercier ? Il l'avait embauchée parce que c'était ce qu'il fallait faire, il ne donnait pas dans le social. Il empilait des papiers selon un désordre organisé lorsqu'elle décida de prendre congé et finalement de se raviser pour demander une ... Augmentation ? Salaire ? Calum avait parfois tendance à oublier que certains travaillaient pour de l'argent et la manière dont il la regarda montrait tellement à quel point il était abasourdi par cette requête qu'elle ne demanda pas son reste et partit tout de suite. Le chef des Aurors regarda sa porte fermée un moment. Décidément, sa nouvelle recrue ne manquait pas d'audace et de culot, ça lui plaisait bien.
Il se remit au travail, aboya sur quelques personnes, ne s'arrêta pas pour manger, envoya Schacklebolt se faire voir chez les Gobelins, bref, une journée normale quand vint le soir.

La plupart des Aurors étaient déjà partis, certains grattaient des rapports. Mais pour Calum, la seconde partie de la journée commençait seulement. Ce soir comme tous les autres il n'avait pas prévu de rentrer chez lui. Ce n'était pas comme s'il était attendu de toutes manières. Cette partie-là n'était pas d'ordre professionnel, mais personnel. Son bureau était maintenant rangé de manière impeccable comme chaque soir et il s'y trouvait la photo d'une jeune fille rousse aux yeux verts pétillants et au sourire éclatant, qu'il regarda pour se donner du courage. Il sortit d'un placard à double fond des documents qu'il déroulait sur son bureau tandis que Rayane Neewill osait encore entrer dans son bureau. Décidément, deux fois en une journée, c'était plus que certains en un mois.

"Que faîtes-vous encore là ? Il m'a semblé que vous ayez demandé une augmentation de salaire, pas de travail ? Personne ne vous attend donc chez vous ?"

Difficile de dire si c'était un reproche, une question ... tant le ton employé par Calum était traînant et las, dépourvu de l'énergie dont il avait fait preuve tout au long de la journée. Il montrait là une toute autre figure, celle d'un homme fatigué et surtout dévasté par une énigme dont il n'arrivait pas à trouver la solution : Qui était ce fils de Troll qui avait assassiné Ailsa McLean, sa soeur la plus jeune ?

Accroupi près de son placard, Calum regardait Rayane avec un air réellement surpris. Elle était venue lui déposer des courriers, l’ancien préposé à l’accueil avait coutume de les laisser sur un petit guéridon à côté de la porte de son bureau. Peu de personnes au bureau des Aurors n’osaient lui parler sur ce ton, il était assez mal habitué à cela. Il se releva et bien que plus grand que sa nouvelle employé ne paraissait pas beaucoup plus imposant qu’elle en cet instant.

« Vous n’entendrez jamais dans ma bouche des reproches pour faire votre travail. Mais pas de compliments non plus. Vous le faîtes, point. Quand vous avez des courriers pour moi vous pouvez les déposer dehors c’est ce que faisait Machin … je sais plus comment il s’appelait, je ne sais même plus à quoi il ressemble. Bref. ‘Vous embêtez pas. »

Calum fût alors surpris de voir comme ses paroles avaient affecté la jeune fille et détourna la tête. Il ne voulait pas s’infliger les souffrances de quelqu’un alors que son quotidien n’était composé que de cela. Pour masquer sa gêne, il s’accroupi à nouveau près de son placard et fouilla dedans. La dernière réplique de Rayane, il ne l’avait pas volée et elle lui arracha un rire. Décidément, cette petite ne manquait pas de cran. Il la regarda à nouveau, il n’avait pas besoin de lui répondre puisque visiblement elle avait compris qu’il n’avait pas l’intention de rentrer chez lui tout de suite, du moins pas avant le milieu de la nuit, voir même pas du tout. Ces derniers temps ça lui arrivait même assez souvent de faire deux fois le tour de l’horloge au bureau avant de s’accorder un peu de repos.

On ne trouvait pas d’Auror plus impliqué que lui qui était pleins de convictions et ne cherchait pas le prestige dans sa fonction de directeur, si bien qu’il ne se reposait jamais réellement. Même en dormant son cerveau moulinait tout le temps et cela commençait à se voir sur son visage. La jeune femme lui demanda soudain comment il allait, ce qui acheva de gêner Calum qui replongea dans son placard. Les confidences et les badineries en tous genres ce n’était pas vraiment son truc, il ne parlait pas lorsque c’était inutile. Il lui semblait inutile de parler de ses états d’âme à Rayane alors il éluda la question.

Il se releva, tenant à la main une bouteille de whisky pur feu et deux verres.

« Prenez-donc un verre. »

Pourquoi cette proposition ? C’était sa manière à lui de la retenir encore un peu. Au moins, elle mettait un peu de compagnie dans son bureau et elle avait au moins le mérite d’avoir capté son attention. Quand il l’avait vue pour la première fois, elle était blessée à la tête, une blessure qui aurait pu être létale si elle n’avait pas été secourue par Bones – qui, même s’il était chiant, n’en restait pas moins quelqu’un de censé à ses heures. Après cela, elle n’avait pas hésité à voler au secours de Remus Lupin alors qu’elle aurait pu se faire tuer en se jetant comme ça dans la mêlée. Son dévouement et son courage ne lui avaient pas échappé, même dans cette mêlée, il avait repéré qui pourrait bien intégrer leur service et elle avait été dans la liste mentale qu’il s’était dressée. Ils avaient besoin de gens comme elle.
Il avait donc déjà pu voir à quel point elle était inconsciente mais elle n’avait visiblement pas fini de le surprendre.

« La journée a été longue. » lui répondit-il simplement. « Et elle est loin d’être terminée. Ce travail est très prenant, vous devez apprendre à vous arrêter quand ce n’est plus l’heure. Ca pourrait vous ruiner votre vie. On ne peut pas porter le malheur des autres sur ses épaules … »

C’était bien sûr une chose plus facile à dire qu’à faire. Il pensait à Ailsa pour se donner du courage. Si son travail à lui était justement de se préoccuper de la sécurité et du malheur des autres, personne ne s’occupait d’eux. Au bureau des Aurors, ils en avaient tous fait les frais … Il fallait voir Maugrey qui avait été gravement blessé plusieurs fois, ou même Edgar Bones qui avait vu la mémoire de sa femme tout simplement effacée. A force d’avoir ce genre d’exemple, on finit par se détacher un peu, prendre du recul, sinon on ne fait pas long feu au bureau des Aurors.

« On a qu’à boire à votre … transfert ? Ensuite, rentrez chez vous et ne revenez que demain. »

Il cogna son verre contre le sien avant d’en vider le contenu en une seule gorgée, et se resservit presque tout de suite avant de se remettre derrière son bureau l’air sérieux. Il devait éplucher de nombreux témoignages d’actes criminels, établir des rapports entre eux, trouver où se trouvait celui qui tirait les ficelles de tout ça … la nuit allait être longue.

Calum était dur mais juste dans ses paroles. Rayane approuvait la méthode de travail qu'il lui exposait, hormis un point :

- Bien, répondit-elle. Mais pour le courrier, je continuerais à vous l'apporter dans votre bureau.

Elle trouvait ça d'une part plus correct vis à vis de son boss, mais ça lui permettrait aussi de le voir au moins une fois par jour. Rayane trouvait cette crainte du personnel envers lui complètement idiote et ne voulait pas la laisser la gagner. De toute façon il y avait peu de chances pour que ça arrive. Elle ne trouvait pas Calum sympathique, ni même agréable, et le voir tous les jours ne serait pas forcement plaisant, mais c'était son boss. Alors il était normal qu'elle entretienne un minimum de contact avec lui. Mais pour le moment elle se trouvait un peu trop audacieuse et autoritaire pour une petite employée de bureau, alors elle rectifia sa requête.

- Enfin, si vous êtes d'accord bien sur. Personnellement je préférerais.

McLean retourna dans son placard et Rayane vit le moment pour elle de s'éclipser et le laisser à ses affaires. Ses questions n'avaient sûrement pas été les bienvenues, peut-être trop intrusives, et elle le comprenait amplement. Elle n'avait pas vraiment réfléchis à ce qui pouvait sortir de sa bouche, elle était trop spontanée avec les gens. Elle pensait avoir irrité son chef et c'est pour cette raison qu'elle fut surprise de le voir sortir une bouteille de whisky pur feu avec DEUX verres.
Alors comme ça il l'invitait à prendre un verre avec lui... Plutôt étrange. Rayane prit le verre en l'écoutant parler de ce métier « prenant ».

- En effet, on ne peut pas porter le malheur des autres sur nos épaules.... Mais je ne suis pas bien chez moi, alors autant rester ici et travailler.

Peu importait le nombres d'heures qu'elle passait à travailler, elle ignorait la fatigue autant qu'elle le pouvait. Rentrer à son appartement signifiait retrouver la solitude et une atmosphère pesante.

- Et puis, vous êtes mal placé pour prodiguer ce genre de conseils, dit-elle avec un petit sourire.

Ils trinquèrent au transfert de Rayane. Tous les deux avaient plus l'air déprimés qu'heureux de fêter un événement. La sorcière se demandait vraiment ce qui pouvait tracasser Calum à ce point. Il l'invita à s'en aller subtilement – ou pas. Le voyant se resservir un verre, elle ignora l'invitation à partir et lui tendit le sien en souriant. Non, Rayane n'était pas décidée à partir. Elle n'en avait pas du tout envie. Pour la première fois elle trouvait la compagnie de Calum agréable. Il alla s'asseoir derrière son bureau et repris son air strict et fermé. La jeune femme ne se formalisa pas et alla s'asseoir elle aussi, sur un tabouret qui traînait par là.

- Vous n'êtes pas décidé à rentrer chez vous, n'est-ce pas ?

Elle regardait dans le vide, faisant tournoyer ses glaçons dans son verre de whisky. Après un petit silence qui s'était installé entre eux, Rayane releva les yeux vers son patron. Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle espérait en restant ici. Peut-être à oublier son quotidien ou alors à repousser le retour au bercail.. Toujours était-il qu'elle doutait fortement que Calum McLean la laisse ainsi se familiariser avec lui. Les questions qu'elle lui posait étaient finalement, qu'une forme de provocation gentillette.

Calum n’effrayait pas ses collaborateurs mais n’étant pas l’homme le plus agréable du monde personne ne se donnait le temps d’aller le voir. Ça lui allait très bien, il entretenait avec soin cette image de patron impitoyable et désagréable et ne perdait pas son temps à discuter de la pluie et du beau temps. A force d’être tout seul sans arrêt, il n’avait plus l’habitude de certains codes sociaux et fût surpris de voir la jeune femme lui tendre à nouveau son verre, mais la resservit.

Il se dirigea vers son bureau et y posa son whisky puis regarda à nouveau Ailsa dans les yeux, tandis que Rayane lui faisait remarquer qu’il  n’avait pas l’intention de rentrer chez lui. Après quelques secondes de silence, il la regarda en esquissant un rictus.

« Faîtes ce que je dis, pas ce que je fais … »

Il retourna le cadre de manière à ce que la photo se retrouve contre le bois de la table et la repoussa dans un coin tandis qu’il déroulait un parchemin sur lequel était inscrite une liste de témoignages qu’il devait lire et analyser dans la nuit. Cela avait pris du temps de retrouver ces témoins, de les interroger et de tout consigner, Calum l’avait fait sur son temps personnel. Peu importe le nombre de nuits blanches que cela lui ferait endurer, il retrouverait coûte que coûte l’assassin d’Ailsa pour le jeter en prison. Sans cela il ne se sentirait jamais en paix.

« J’ai un travail à finir absolument, et ça ne va pas se faire tout seul. » dit-il pour justifier ses intentions.

Il reconsidéra un moment la jeune femme. Cela faisait des mois que personne d’autre que lui n’avait passé autant de temps dans ce bureau.

« Si vous n’avez pas l’intention de partir ne restez pas debout, il y a une chaise derrière vous. Mais je dois absolument avancer dans ce travail sinon … »

Il s’arrêta de parler et se massa les tempes avant d’en délivrer trop. Mais sinon, il ne retrouverait jamais le sommeil, la paix intérieure, le moyen de se faire pardonner parce que si Ailsa était morte pour lui c’était qu’il n’avait pas réussi à la protéger.
La jeune femme s’était trouvée dans la foule le jour de l’attaque de Godric’s Hollow et à la fin son corps sans vie avait été retrouvé. Elle avait manifestement été victime du Sortilège de Mort, Calum se souvenait trop précisément du moment où Fabian Prewett avait surgit d’une ruelle attenante à la place en portant dans ses bras sa sœur cadette tant aimée. Elle avait l’air tellement paisible qu’il avait tout d’abord cru qu’elle était endormie. Dans un premier temps il avait refusé d’accepter la réalité et ne s’était pas montré perturbé, mais la chute n’en avait été que plus dure. L’auror était ensuite passé par une phase de culpabilité énorme, et faire tout ça lui permettait d’avoir le sentiment de s’amender. Au détriment de sa vie personnelle, certes …  Mais cette préoccupation était le cadet de ses soucis.

« Vous avez des cadavres dans vos placards ? » demanda-t-il à la jeune femme en fonçant le nez sur sa feuille.

Elle lui avait dit plus tôt qu’elle n’était pas bien chez elle, ce n’était pas que ça l’intéressait mais si elle était là autant faire en sorte qu’elle ne se sente pas inutile. « Tenez, passez-moi une bouteille d’encre s’il vous plaît. »

Rayane sourit à la petite phrase de Calum, elle l'avait trouvé drôle. Incroyable ! Elle avait même cru apercevoir un sourire sur ses lèvres, du coin de l'oeil. Enfin, ça ressemblait plutôt à un spasme, mais bon c'était déjà ça. Il regardait un cadre posé sur son bureau, Rayane était curieuse de savoir qui était sur la photo. Apparement il n'avait pas de femme, enfin du moins il n'habitait pas avec elle. C'était peut-être son chien ? Non peu de chances. Calum retourna le cadre face contre son bureau et commença à travailler.

La jeune femme resta silencieuse en l'observant travailler. Elle était admirative, cet homme se dévouait corps et âmes à son travail. C'était quelque chose qu'elle comprenait. Elle bu une gorgée de plus de son whisky pur feu lorsqu'il lui demanda si elle n'avait pas des cadavres dans ses placards... Quelle expression surprenante. S'il savait... Elle en avait un paquet. Remus avait oublié quelques affaires chez elles, des broutilles mais ces affaires lui appartenaient. Elles avaient son odeur, elles rappelaient sans cesse à Rayane ce qu'elle avait perdu. Elle dormait encore avec l'un des pulls qu'il avait oublié... Elle se trouvait vraiment ridicule de s'attacher ainsi à ce qu'il restait de lui, mais elle n'arrivait pas à s'en détacher. Il était toujours aussi présent qu'au premier jour dans son esprit. Grâce à Calum, elle avait réussi à l'oublier l'espace d'un instant. Mais même ici, dans le bureau de son chef Remus arrivait encore à s'imposer à elle.

- Quelques uns oui, répondit-elle doucement. Et je fais tout mon possible pour les oublier. Mais vous savez ce que c'est, les cadavres au bout d'un moment ça commence à sentir....

Rayane eut un rire amer et bu une gorgée de plus. Elle se leva quand il lui demanda de lui passer une bouteille d'encre et la lui tendit. Elle s'était penchée au dessus du bureau et pu apercevoir le temps d'une seconde, une liste de noms. Visiblement il était sur une enquête des plus importantes. Elle lu aussi le titre « Bataille de Goric's Hollow » sur un parchemin un peu plus loin. Ainsi il enquêtait sur cet événement ?

- Je peux peut-être vous aider dans vos recherches. J'ai vu pas mal de choses ce jour là...

Le souvenir de ce sombre jour la hantait. Elle avait vu la mort en face et vivre un événement pareil vous change à jamais. Elle ne laissait rien transparaitre, mais elle en dormait encore mal la nuit. C'était une autre des raisons pour lesquelles elle ne voulait pas retrouver la solitude de son appartement. Il faudrait peut-être qu'elle songe à déménager...
Rayane rapprocha sa chaise de Calum et s'installa à coté de lui. Elle ne se rendait pas vraiment compte que c'était intrusif comme geste. Elle voulait vraiment l'aider, cette affaire avait l'air de lui tenir vraiment à cœur. Elle attendait qu'il réagisse, qu'il comprenne que c'était le moment de lui donner quelque chose à faire. Mais il n'avait pas l'air décidé. Elle profita de ce court instant pour l'observer de plus près. Il était vraiment beau garçon, elle n'avait jamais fait attention. Mais cet homme avait un charme non négligeable. Les hommes tourmentés et distants c'était sa spécialité apparemment. Elle se rendit enfin compte de la proximité qu'elle avait imposé à leur deux corps. Pendant qu'elle l'observait, elle s'était beaucoup rapproché de lui. Elle eut un mouvement de recul rapide puis éloigna sa chaise un petit peu.  
McLean n'était pas décidé à lui commander quoi faire alors elle prit la parole la première.

- Par où je commence ? Donnez moi quelque chose à faire, je veux vraiment vous aider.

La vie des gens qui travaillaient pour lui, Calum s'en fichait complètement. Il ne se préoccupait guère des autres hormis les gens qui comptaient au niveau affectif et c'était dire s'ils étaient peu nombreux. Il n'avait pas du tout l'attitude paternaliste que peuvent avoir certains directeurs de département avec leurs employés. Il ne voulait pas être mêlé à ça, et puis il s'en foutait aussi. Chacun ses soucis. Mais Rayane était la seule à faire du zèle au bureau des Aurors alors qu'elle ne l'était même pas elle-même et que c'était son premier jour.
Il ne s'était pas attendu à une réponse aussi honnête, il ne s'était pas attendu à une réponse tout court d'ailleurs.

- Quelques uns oui, répondit-elle doucement. Et je fais tout mon possible pour les oublier. Mais vous savez ce que c'est, les cadavres au bout d'un moment ça commence à sentir....

Sans lever le nez de sa feuille il lui répondit :

"Des cadavres dans ce métier j'en ai vu des tas. Pourtant, je n'en ai jamais oublié un seul ... Vous avez pas 36 solutions. Soit vous vivez avec et vous faîtes au mieux pour que ce soit supportable, soit vous faîtes droit ce que vous faîtes : essayer de les oublier. Sauf que vous n'y arriverez jamais et que ça va vous rendre totalement dingue. "

Il pensait à Ailsa en disant ces paroles, plus pour lui que pour elle en réalité. Tout ce qu'il faisait, le zèle dont il faisait preuve dans cette enquête, c'était pour rendre sa douleur plus supportable.

- Je peux peut-être vous aider dans vos recherches. J'ai vu pas mal de choses ce jour là...

Il secoua la tête.

"Non, ce n'est pas un travail, enfin, c'est personnel. Je ne peux pas vous demander ça."

Bien sûr ce n'était pas par égard pour elle qu'il disait ça. La mêler à sa vie privée, c'était hors de question. Il trempa sa plume dans l'encre et raya quelques noms de sa liste.

- Par où je commence ? Donnez moi quelque chose à faire, je veux vraiment vous aider.

Elle insistait. Elle avait tiré sa chaise et s'était rapprochée de lui. Il avait beau lui avoir dit qu'il ne pouvait pas lui demander de l'aide, elle ne l'avait pas écouter. Il la regarda alors soucieux, car c'est vrai qu'elle pourrait peut-être lui apporter un nouveau regard sur cette affaire.
Il visa quelques secondes le cadre retourné, puis Rayane. Puis il releva la photo afin qu'elle voit de qui il s'agissait.

"Est-ce que vous avez vu cette personne le jour de la bataille de Godric's Hollow ? Elle était dans la foule pour assister à l'inauguration de la statue de Beedle le Barde."

Ce serait difficile, car elle n'avait pas un physique remarquable si ce n'était qu'elle était rousse.

"Il s'agit de retrouver le fils de chien qui l'a tué."

Ce que Rayane avait dit au sujet des cadavres dans son placard n'était pas fait pour qu'il le relève. Mais il le fit quand même. Elle le regarda puis baissa les yeux, songeuse. Il avait totalement raison, il fallait qu'elle vive avec ses « cadavres ». Mais c'était malheureusement plus facile à dire qu'à faire...

Calum accepta finalement que Rayane lui apporte un peu d'aide sur l'affaire qu'il était en train d’essayer de résoudre. Comme quoi, insister à du bon parfois. Mais la jeune femme ne s'était pas attendu à ce que cette enquête soit à caractère personnel. Aussi, lorsqu'il releva le cadre et qu'il lui demanda si Rayane avait vu cette fille le jour de la bataille, elle ne savait plus où se mettre. Qu'est-ce qui lui avait prit d'insister de la sorte ? Cependant, la sorcière se demandait ce qu'il avait bien pu arriver à la fille sur la photo et qui elle était pour McLean. Surement sa femme. Cela expliquerait bien des choses.
Elle ne laissa rien transparaître du trouble qui l'habitait et après avoir repidement jeter un œil à la photo elle lui répondit sans le regarder.

- Il ne me semble pas non...

"Il s'agit de retrouver le fils de chien qui l'a tué."

Bien joué Rayane. Félicitation. Elle s'était attendu à ce qu'il lui dise une chose de la sorte, mais l'entendre était toujours plus difficile. Elle ne répondit toujours pas, préférant garder le silence. Elle reporta son regard vers la jeune fille rousse, l'observant sous toutes les coutures. Ray voulait vraiment aider Calum, d'autant plus qu'il avait l'air vraiment affecté par ce décès. Pendant de longues minutes elle chercha au fond de sa mémoire. Il y avait tellement de monde ce jour là que pour reconnaître un visage inconnu... Mais elle eut un flash. Juste avant que le premier mangemort ne casse la statut, il y avait quelqu'un à coté d'elle. Rayane se souvenait de cette chevelure de feu, elle l'avait revu dans ses rêves. Cette couleur était récurrente dans ses rêves, c'était l'un des éléments qui sétait figés dans sa mémoire avant que tout ne dérape.

- Attendez ! s'écria-t-elle. Je ne veux pas dire de bêtises mais... Il me semble qu'elle était à coté de moi juste avant que la statut ne pète en mille morceaux...

Et après ça ? Le flou. Des cheveux roux volant au vent dans une vision flou de tout. Rayane était dépité de ne pouvoir aider Calum plus que ça. Mais il fallait sûrement du temps. Elle avait déjà identifié la fille qui était présente dans ses rêves.

- Je suis désolé, pour le moment c'est tout ce dont je me souviens. Mais je vais me souvenir, faîtes moi confiance, je vais y arriver, dit-elle en le regardant.

Désormais l'esprit de la sorcière ne serait accaparé que par cette fille. Elle avait le devoir de se souvenir, ne serait-ce que d'un seul détail. Cela pouvait tout changer.

- Peut-être pourriez-vous m'en dire plus sur elle ? Ca pourrait m'aider à me souvenir. Comment s'appelait-elle ? Qui était-elle ?

Qu'elle soit mal à l'aise ce n'était pas vraiment son affaire, elle avait décidé de l'aider mais il ne lui avait rien demandé. Pire encore, elle avait même insisté pour ça. Tandis qu'elle regardait le portrait de sa soeur, le visage de Calum devint impassible, affable. Mais la détresse dans ses yeux était flagrante. Rayane ne se souvenait pas d'avoir vu Ailsa Campbell dans l'assistance, il ne servait donc à rien de continuer. Il ne lui en voulait pas, tous avaient été dépassé par les évènements ce jour-là.

"Vous avez été blessée à la tête ce jour-là."

Il le savait ... parce qu'il savait tout ce qui s'était passé dans les moindres détails, sauf la partie qui concernait Ailsa. Bref, il n'était pas surprenant qu'elle ai un trou de mémoire concernant les instants qui se sont déroulé juste au moment ou la statue a volé en éclat.

"Elle était à côté de vous !" S'exclama t-il.

Mais Rayane semblait désolée de ne pas pouvoir lui en dire plus, pourtant elle se souvenait. Calum devait s'accrocher à ça, parce que la blonde devant lui était maintenant son seul espoir, si elle se souvenait de quelque-chose, n'importe quoi, même le détail le plus insignifiant. L'auror se releva et alla se resservir un troisième verre de whisky qu'il bu cul-sec. Puis un quatrième. Il regarda le mur un moment, la gorge serrée, puis soupira. Sans parvenir à regarder Rayane, il livra ce qu'il fallait savoir sur une soeur tant aimée dont il n'arrivait pas à évoquer le souvenir sans en être profondément attristée.

"Ailsa McLean. Epouse Campbell. Elle travaillait au Département de contrôle des Créatures Magiques, son travail était de contrôler les élevages dans tout le secteur du nord de l'Ecosse. Elle aurait du, ce jour-là, se déplacer avec une commission de sécurité sur Aberdeen, mais finalement sa présence étant requise à Godric's Hollow pour des raisons privées, elle s'est faite remplacer. C'est Peterson qui s'y est rendu à sa place."

Il marqua une pause avant de continuer. Si Ailsa était à Godric's Hollow ce jour-là c'était entièrement de sa faute et il continuait à se le reprocher, encore et encore.

"Elle était accompagné ce jour-là de Malcom et Aigneas Campbell, 8 et 6 ans. Ses enfants."

Son neveu et sa nièce avaient survécu à l'agression, par miracle. Il essuya ses yeux et remis son masque d'insensibilité avant de se tourner vers la jeune fille.

"Racontez-moi tout ce qui vous passe par la tête, tout ce que vous avez vu ce jour-là, dans les détails, absolument tout. Les gens avec qui vous étiez, ceux que vous avez aidé, ceux que vous êtes sûre d'avoir vu et ceux que vous avez cru voir ..."

Il pris une des plumes, rouge vif, et la posa en équilibre sur le parchemin. La plume à papote allait écrire et lui, écouter.

Quand Rayane se souvint enfin de la jeune femme dont parlait Calum, il fit un bond. Visiblement le fait qu'elles aient été à côté un instant signifiait beaucoup de choses pour lui. Il répondit à sa question et lui raconta les grandes lignes de la vie d'Ailsa, qui était visiblement sa sœur. Rayane en vain à cette conclusion rapidement puisque ça ne pouvait ni être sa femme, ni sa mère, donc c'était forcément sa sœur. Elle était désolée pour lui, il avait l'air d'en être encore au premier stade du deuil.
Lorsqu'il se leva pour aller se servir un autre verre, et que donc il était dos à elle, la sorcière pu lui dire à quel point elle était désolée.

- Toutes mes condoléances monsieur McLean, dit-elle d'une petite voix.

Rayane ne s'était pas attendu à ce que cette affaire soit aussi sensible pour lui. Bien sur si elle pouvait l'aider elle le ferait sans hésiter, mais participer à cette enquête allait être beaucoup plus dur émotionnellement parlant qu'elle ne s'y était attendu.
Calum lui demanda ensuite de lui décrire précisément la journée qu'elle avait passé à Godric's Hollow. Elle lui tendit directement son verre, avant même de répondre. Elle en avait besoin, la nuit allait être longue. La jeune femme avait tout fait pour effacer ce tragique événement de sa mémoire – en vain – et voilà que maintenant il fallait tout déballer...
Elle but une grande gorgée de son whisky et remit ses idées en place. Quelques minutes de réflexion plus tard elle commença son récit.

- Je suis arrivée seule sur la place, aux alentours du du début d'après midi. Il y avait déjà beaucoup de monde. La foule était amassée près de l'estrade où se tenait déjà la statue cachée sous un drap. Je me suis avancée au maximum et j'ai réussi à trouver une bonne place au troisième à peu près.

Rayane revoyait la scène se dérouler devant ses yeux. Elle regardait dans le vide mais n'était déjà plus dans ce bureau, ni même au ministère. Elle était sur la place de Godric's Hollow inondée de gens en ce jour funeste.

- Je me souviens avoir balayé la foule des yeux à la recherche de visages familiers... Oh ! Je me souviens ! Je l'ai vue ! S'écria-t-elle en relevant les yeux vers Calum. Ailsa était sur ma gauche, je me souviens même de deux enfants qui se chamaillaient près de moi, ça devait être les siens... Je lui ai rapidement jeté un œil sans vraiment la voir.

Rayane se souvenait désormais parfaitement de ce visage angélique et de cette chevelure de feu. Elle se rappelait même avoir pensé que cette couleur était magnifique et qu'elle se colorerait bien les cheveux de cette manière... Détail insignifiant mais qui l'aidait à rassembler ses souvenirs.

- Ensuite, j'ai aperçu mon amie Emmeline Vance. Elle m'a rejoins et nous avons discuté quelques minutes. Je me souviens aussi de Willow Underwood, une jeune femme que j'ai rencontré là bas. Elle nous à sauvé Emmy et moi et depuis nous sommes amies.

Rayane eut un petit sourire en repensant à Willow. Elle ne l'avait pas beaucoup revue depuis. Mais au moins la bataille avait eu un seul petit point bénéfique.

- Pendant que nous discutions Emmy et moi un homme encagoulé est sortit de la foule. Ca je ne l'ai pas vu, c'est elle qui me l'a dit. Il à fait exploser la statue en mille morceaux. Le dernier souvenir que j'ai d'Ailsa c'est à ce moment là. C'est cette vision que je vois dans mes rêves.... Une chevelure rousse, des flammes vertes, des cris... Rien de concret, malheureusement... Je suis navrée de ne pouvoir vous en dire plus, je sais que c'est peu.

Elle baissa la tête, un peu honteuse. Bien entendu elle n'avait pas à l'être mais elle culpabilisait de ne pas se souvenir de choses importantes. Calum lui avait également demandé de raconter la suite des événements. C'est là que le calvaire commençait. Rayane n'avait jamais repensé précisément à cette partie, elle se l'interdisait. Mais là elle n'avait pas le choix. Enfin si, elle l'avait. Mais elle n'aurait jamais privé McLean d'un détail qui pourrait faire la différence dans l'enquête de la mort de sa sœur.

- Et puis après tout s'est enchaîné. J'ai été gravement blessée à la tête mais mon ami Edgar Bones m'a soigné avec une potion que lui avait donné Dumbledore. J'ai suivis Emmeline dans une direction pour ensuite me rendre compte qu'elle s'inquiétait pour son ami....

Rayane bu son verre d'un trait et tendit une fois de plus le bras vers Calum avec un « sans vous commander » pour qu'il la resserve.

- …. Remus J. Lupin. Nous nous sommes séparés en deux groupes. Lupin et moi, Willow et Emmeline. Lupin et moi sommes tombés sur un duo de mangemorts... Je l'ai écarté – n'allez pas me demander pourquoi... - et après un court duel l'un des deux m'a ligoté et enmenée dans une ruelle adjacente à la place. Et c'est là que c'est bizarre. Il m'a détachée, m'a dit quelques mots dont je ne me souviens pas et à fait en sorte qu'on me retrouve... Je ne sais toujours pas pourquoi, m'enfin bon.

La sorcière fit une courte pause pour se réhydratée avec un peu de whisky.

- Ensuite.... Hum... Ah oui !.... Je suis retournée sur les lieux du combat et j'ai trouvé mon « camarade » à moitié mort... Putain si j'avais su, je l'aurais laissé là ce con !

L'alcool faisait effet. Rayane n'aurait jamais parlé de la sorte sorbre. Même si elle le pensait un tout petit peu...

- Pardon, ricana-t-elle. J'ai transplané avec lui et l'ai soigné. Nous sommes resté là quelques minutes, tous les deux...

La colère faisait maintenant place à la tristesse. Elle retenait de grosses larmes et sa voix commençait à trembler légèrement à ce souvenir heureux – alors qu'il ne devrait pas l'être.

- Une fois qu'il est allé mieux nous avons retrouvé les autres. Tous agglutinés autour de Bones... Il m'a fait une sacré peur celui là aussi. La suite vous devez surement la connaître.

Elle se tût enfin. Essayant de retenir ses larmes du mieux qu'elle pouvait. Mais ses joues s'humidifièrent sans qu'elle s'en apperçoive. Elle pleurait, sans un bruit. Aucune expression sur le visage. Juste ses larmes qui coulaient le long de son visage.
Elle réussit néanmoins à répondre à Calum.

- Vous m'avez demandé les gens que j'ai vu ce jour là. Vous les voulez tous ? Ils sont nombreux. Très bien... Edgar Bones, Emmeline Vance, Willow Underwood, Albus Dumbledore, Tom Bennet, Ted Tonks, Nymphadora Tonks, Voldemort. Ah oui et Remus Lupin aussi.

Rayane se leva de son siège. Elle avait les jambes engourdit. Tout son corps l'était en fait. Sa tête était embrouillée, plus rien n'allait. Elle alla vers Calum McLean, envahissant son espace vital – encore une fois. C'était bien connus, Rayane alcoolisée perdait toute pudeur et toute timidité. Elle tangua légèrement, toujours son verre à la main et finit par dire d'une voix plutôt normale pour l'état dans lequel elle était :

- Vous avez tout ce que vous voulez monsieur Calum ? Je suis navrée de ne pouvoir plus vous aidez... Mais là je vous avoue que vous ne m'avez pas aidée non plus en me faisant repenser à ce jour là.

Il écouta ses condoléances mais ne dit rien car cette simple manifestation de sollicitude de sa part avait suffi à faire en sorte qu’il se retranche derrière son masque. A la place, il but une gorgée de Whisky et la resservit alors qu’elle en demandait, puis se rassit derrière son bureau pour écouter son récit. La plume écrivait et lui il la regardait tout en l’écoutant. Aucune de ses paroles, aucun de ses gestes ne serait oublié.
Il nota mentalement les noms qu’elle énonçait : Emmeline Vance d’ailleurs avait rejoint l’équipe récemment, il n’avait pas pensé à lui poser la question. Bones, s’il avait vu quelque-chose, il l’aurait dit aussi. Underwood avait déjà livré tout ce qu’elle savait sous Veritaserum … c’est-à-dire pas grand-chose. Par la suite, elle enchaîna sur les évènements un peu chaotiques qui avaient suivi. Cette histoire de Mangemort qui l’avait éloigné de l’agitation en faisant en sorte qu’on la retrouve pour qu’elle sauve son camarade était pour le moins étrange … Mais elle ne le surprenait pas depuis qu’il avait pris connaissance de l’histoire de Willow.

« Il y a un paquet de gens qui sont dans ses rangs parce qu’ils ont peur … Si vraiment ce Mangemort a voulu vous sauver la vie alors il a pris un gros risque. »

Et savoir que quelqu’un dans les rangs de Voldemort avait été jusqu’à trahir son maître en pleine bataille c’était plutôt encourageant. Dommage qu’il soit masqué parce que ça aurait valu la peine d’essayer de le retrouver. Elle nourrissait de la rancœur pour Lupin et ça intéressa Calum mais il ne l’interrompit pas car il remarqua qu’il devenait pénible d’en parler, or il ne voulait surtout pas perdre une bribe de son témoignage.
Finalement, elle n’avait pas été tout le temps au cœur de la mêlée car elle s’était éloignée pour le secourir et ça il le savait déjà.

Quand elle eut fini et qu’il regarda les noms qu’elle avait cités, Calum retint qu’il devait interroger Emmeline Vance dès que possible. Elle pourrait peut-être lui donner les éléments qui lui manquaient. Rayane lui en avait donné un auquel il ne s’attendait pas d’ailleurs, mais rien concernant Ailsa. Admettre qu’elle était victime d’un sortilège perdu lui était impossible, il lui fallait un coupable sinon il ne pourrait jamais expier. Et tant qu’il n’aurait pas le témoignage d’une personne qui aurait vu un Mangemort jeter un sort à Ailsa, il ne cesserait pas de chercher.

Il fixa la jeune femme dont les yeux brillaient, le visage imperturbable. Elle n’avait pas cessé de boire pendant tout le temps de son déballage et elle n’avait visiblement plus les idées nettes, il lui avait sans doute fallu ça pour parvenir à parler. Un souvenir douloureux semblait être lié à cette journée, au-delà du fait de s’être trouvé au cœur d’un évènement éprouvant pour tout le monde.
Des larmes qu’elle ne put retenir roulèrent sur ses joues et le chef des Aurors baissa la tête, contrit. Il avait soudain l’impression d’avoir fait irruption dans son jardin secret mais c’était un fait, il ne supportait pas de voir des larmes d’autant que la détresse de Rayane était sincère ! Pourtant Dieu savait qu’il était incapable de faire preuve d’empathie.

Alors que la jeune fille se levait avec son verre dans la main, Calum le lui retira doucement parce qu’il estimait qu’elle avait assez bu pour ce soir : autant que lui en fait, sauf qu’il n’avait pas le même entraînement qu’elle et qu’il tenait beaucoup mieux. En plus elle venait de l’appeler par son prénom, tant mieux ça brisait la glace au moins. Tout le monde se tutoyait au bureau des Aurors et il détestait cette période de flottement à chaque nouvelle arrivée, on ne savait pas s’il fallait se tutoyer, se vouvoyer, jusqu’à ce qu’une des deux parties gaffe et ça arrangeait tout le monde.

« Oui, Rayane, c’est bon. Tu m’as donné des informations très précieuses … Notamment sur ce Mangemort qui t’a sauvé la vie. On sait qu’il y en a d’autres dans les rangs de Voldemort qui n’adhèrent pas à ses idées au point de se mettre eux-mêmes en danger pour ne pas tuer. »[/b][/color]

Il appuya doucement sur ses épaules pour l’inviter à se rassoir et rangea son verre lui aussi. L’état dans lequel elle était lui faisait de la peine et il culpabilisait d’avoir fait naître ces larmes dans ses yeux, cela n’avait pas été le but recherché. Et comme il culpabilisait il voulait se sentir utile. Il reprit place face à elle en se demandant comment il pourrait l’aider et en même temps il ne connaissait pas la raison de ses pleurs.

« Tu as perdu quelqu’un ce jour-là ? Quelqu’un que tu n’as pas mentionné … »

Rayane était proche de Calum, si bien qu'il pu aisément lui retirer son verre des mains. Elle le laissa faire, de toute manière elle n'allait pas tarder à rentrer chez elle. Il l'invita aussi à s'asseoir. Elle ne résista pas non plus. Elle était dans un état second. Elle ressentait une douleur si grande que ça lui avait ôté toute envie de boire ou même de parler. Elle ne répondit donc pas lorsqu'il lui parla du mangemort qui l'avait sauvée. Elle nota seulement que désormais il la tutoyait.

Cependant elle avait tout de même conscience qu'elle était en présence de son supérieur, une certaine tenue était attendue d'elle.
La question qu'il lui posa ensuite ne la désarçonna pas plus que ça. Son état était tel que Rayane ne réagissait plus à rien. Elle n'avait qu'une seule envie : rentrer chez elle. Elle répondit à Calum d'un ton las, le regard fixant un point dans le vide.

- Non je n'ai perdu personne... J'ai rencontré quelqu'un, c'est justement ça le problème. Si je ne l'avait pas rencontré, ma vie aurait sûrement été plus heureuse.

Calum n'allait rien comprendre à ce charabia... Il voulait savoir pourquoi Rayane était dans cet état ? Très bien... Elle allait lui en dévoiler un peu plus, et enfin parler de ce qui s'était passer entre Remus et elle pour la première fois. Que de première ce soir !

- Remus J. Lupin. Je vous en ai parlé.... Je lui ai sauvé la vie. Et ça à sûrement été la plus grosse erreur de ma vie.

C'était la rancœur qui parlait. La rancœur, la colère, la tristesse et toutes les autres émotions qui se bousculaient en elle.

- Enfin... Non pas vraiment, bien sur que je préfère qu'il soit en vie. Mais ce jour là je suis tombée amoureuse de lui. Voilà ma plus grosse erreur.

Elle aurait bien prit une autre gorgée de whisky, mais malheureusement Calum n'était pas du même avis. Elle avait du mal à admettre qu'elle était tombée amoureuse de lui, et dire que c'était la première fois qu'elle avait vu était pire. Parce que oui, elle avait enfin comprit qu'elle avait aimé Remus dés leurs première rencontre.

- C'est pourquoi il est difficile pour moi de parler de cet événement. Mais quel rapport entre le fait d'être tombée amoureuse me direz vous ! Eh bien figurez-vous que monsieur Lupin m'a dit qu'il m'aimait quelques temps après ça.... Et je ne l'ai jamais revu.

Elle avait terriblement honte de cette histoire. De s'être fait avoir de la sorte, mais l'alcool l'aidait à parler. Sobre elle en aurait été incapable.

- Voilà toute l'histoire... Je sais que ce n'est pas très glorieux. Et rien en comparaison de votre... enfin de ton fardeau. Mais c'est le mien et je le porte chaque jour.

Elle se tût enfin, ne pouvant rien ajouter de plus. L'histoire qu'elle avait vécue avec Remus était bien plus complexe qu'elle ne l'avait dit à son chef. Mais ça ne le regardait en aucun cas. Ce qu'elle venait de lui avouer ne le regardait pas non plus, mais il avait demandé... Et il lui avait confié la mort de sa sœur, son fardeau à lui.
Rayane voulait rentrer à présent. Mais l'état dans lequel elle était ne lui permettait pas de transplaner. Elle devrait traverser tout le Londres sorcier pour appeler un taxi moldu et ça ne l'enchantait guerre. Mais aucun autre choix ne s'offrait à elle. Se levant de sa chaise, elle dit :

- Pardonne moi pour cette soirée minable. Je ne t'ai rien appris et j'ai vidé mon sac devant toi.. Ca ne se reproduira plus. Je.. Je vais rentrer. Je ne peux pas transplaner dans mon état donc je vais appeler un taxi moldu. Merci pour le Whisky Calum.

Il aurait préféré que Rayane ne se lance pas dans pas de telles confessions mais c’était un des effets de l’alcool et il aurait dû être plus vigilant. Mais le pire dans tout ça c’était qu’elle lui faisait de la peine et qu’il aurait presque pu ressentir de la compassion pour elle. Mais bon, les histoires de cœur … Enfin, il était pas sa meilleure copine non plus ! Un peu gêné il l’écouta néanmoins en se disant que Lupin était un bon petit connard comme Black. Cette bande qu’ils formaient avec Potter et Petigrew l’agaçait d’ailleurs passablement, il les jugeait très prétentieux et surtout, ils leur cachaient des choses il avait horreur de ça.


« Amoureuse d’un enfoiré pareil ? Y a de quoi pleurer ! » Dit-il avec un rire sans joie.

Mais il réfuta ce qu’elle disait quand elle se mit à comparer leurs douleurs respectives et serra les dents. Le chef des Aurors la considéra un moment avant de répondre.


« Cette journée a été éprouvante pour tout le monde. Moi j’ai perdu une sœur qui m’était chère. Un de nos collègues a failli perdre son enfant, et toi tu t’es retrouvée au milieu d’une bataille, tu as cru mourir et tu as sauvé un ami au péril de ta propre vie. »

Il haussa les épaules comme si ce qu’il venait de dire était aussi normal que le fait d’informer son interlocuteur qu’on aimait bien manger ses pâtes avec du gruyère et enchaîna.


« T’as donc perdu quelqu’un. Donc c’est toi qui dis que ta douleur est moindre. Pas moi. Tu devrais lui éclater la tête, ça te ferait beaucoup de bien … Parce que là c’est pas un cadavre qu’il y a chez toi. Plus un genre de zombie ! Alors fait le sortir de ta vie. »

Il lui tendit la main quand elle évoqua le fait de rentrer chez elle.

« Détrompe-toi. Tu as mis un point en lumière, donc, cette soirée n’a pas été inutile. Je te raccompagne chez toi, les hommes profitent parfois des filles soûles. »

Il ne lui laissait pas vraiment le choix de toutes façons et il ne se serait pas senti responsable s’il l’avait laissée partir dans cet état.

Calum avait une façon bien à lui pour réconforter les gens, mais Rayane trouvait ça marrant. Elle allait partir, rentrer enfin chez elle pour ne plus jamais en ressortir tellement elle allait avoir honte de cette soirée le lendemain, mais il lui proposa de la raccompagner. Enfin non, il l'obligea en fait.
Elle ne discuta pas, se doutant que c'était inutile. Calum la raccompagna chez elle mais elle ne l'invita pas à entrer. Son appartement était dans un tel état que l'inviter à entrer aurait été ruiner sa vie sociale.

- Merci de m'avoir raccompagnée Calum. Bonne nuit.

Elle le laissa sur le pas de la porte en se disant que la journée du lendemain serait des plus difficiles.


Je t'ai fais le post le plus nul et le plus inutile de ma vie, mais c'est bien fait pour toi !

C'est pas grave Je te promets que je t'offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas !