PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

« Qu'est ce que tu fais, mon amour ? »

Elle m'enlace, passant ses bras autour de mon cou pour les laisser retomber sur ma poitrine. Concentré et nerveux, je rejette les épaules en arrière pour la repousser avant de lâcher du bout des lèvres que je suis occupé. Elle se dégage immédiatement, avec un énième soupir appuyé comme ceux qu'elle a depuis hier et commence à faire les cent pas dans la pièce. Je choisis de l'ignorer à nouveau, concentrant toutes mes pensées sur ma baguette de chêne rouge avec un léger sourire. Depuis plusieurs semaines que je suis en train de préparer ce sortilège, en espérant qu'il soit une totale réussite, je viens enfin d'y parvenir. Il ne reste qu'a savoir s'il fonctionne correctement, si la douleur est suffisante et la journée actuelle est parfaite pour cela. Je lève ma baguette, l'abaissant d'un coup sec en prononçant la formule à voix suffisamment basse pour que ma femme ne l'entende pas. Une série de flammes violettes se dessinent dans l'air, dans une ligne droite parfaite et je souris, soulagé, sans savoir malgré tout si le sort est capable de faire souffrir quelqu'un. Ma femme passe à nouveau ses bras autour de mon cou, m'embrassant dans la nuque et sur les joues mais je ne la repousse plus même si je suis mal à l'aise mentalement.

« C'était bien fait… C'est de toi ? »

Mon dieu qu'elle est idiote. J'acquiesce malgré tout d'un mouvement de tête, satisfait de voir que le travail de nombreuses semaines n'a pas été vain et je l'invite à sortir de mon bureau, claquant la porte derrière nous. Je sors ma montre à gousset en or, y jette un bref coup d'œil avant de constater que j'ai encore une quarantaine de minutes devant moi. Bellatrix aura probablement pris de l'avance, observant tout les environs et repérant les meilleurs points pour effectuer notre œuvre criminelle dans la discrétion. J'aime son perfectionniste et je me réjouis de savoir que tout sera parfait lorsque je la rejoindrais. J'aurais sans doute du la rejoindre pour l'aider mais entre les entraînements de Quidditch qui me servent d'alibi et les heures consacrées à travailler l'invention de divers sortilèges, j'ai été incapable de trouver un moment pour la retrouver – de toute façons, même si mes pensées étaient souvent tournées vers elle et que je pourrais facilement reconnaître que sa présence me manquait, nous avions prévu de nous retrouver aujourd'hui et pas avant. Je m'approche d'une fenêtre de l'étage, observe les alentours qui se voilent déjà de la pénombre de la nuit et je souris doucement.

« Bien. Nous avons dîné, les enfants sont couchés et tu ne devrais pas avoir de problèmes avec eux. J'ai un travail à effectuer pour le Maître et je reviens ensuite. Si jamais Mikhail ou Sasha te dérange, rappelle leur qu'il y a un martinet dans cette maison. A plus tard dans la soirée, ou à demain. Je ne sais pas combien ce temps cela va prendre, alors ne m'attends pas. »

Je n'espère même pas une réponse de sa part, enfilant un trench-coat avant de vérifier que j'ai tout ce dont j'ai besoin. Un stylet est accroché à ma ceinture, sa lame soigneusement rangée dans un fourreau en cuir. Je quitte le Manoir sans plus de cérémonie, descendant l'allée en vitesse et claquant les lourdes grilles derrière moi avant de transplaner rapidement. Je me concentre sur la place principale de Pré-au-Lard et, en quelques secondes, je me retrouve dans le dos de Bellatrix. Elle se retourne en m'entendant arriver et je caresse son visage avant de l'embrasser furtivement dans le cou, en profitant du fait que nous sommes à l'abri des regards.

« J'ai l'habitude d'être ponctuel… à défaut d'être en avance depuis la naissance des gosses. »

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Je caresse son visage quelques secondes encore, avant de me reculer de quelques centimètres et d'écouter ses instructions. Un vieux qui vit seul, sans femme, sans gosses… Ce sera facile, trop facile sans doute même, bien que Bellatrix ajoute qu'il soit encore capable de se défendre. J'incline la tête en signe approbateur, préférant largement montrer mes capacités en duel plutôt qu'en meurtre – chose qui d'ailleurs est réglée en un éclair vert et deux petits mots. Ma main se porte au niveau du stylet et je caresse doucement le fourreau de cuir dans lequel la lame est protégée, même si je compte principalement me servir de ma baguette. Fourrant ma main dans la doublure de ma veste, j'en sors mon masque de mangemort taillé contrairement à celui de Bellatrix dans de l'argent pour une question de poids. Je préfère largement le mettre lorsque je dois combattre, pour une raison d'anonymat et il est rare de me voir sans quand je pars en mission – excepté lorsqu'il s'agit de soumettre quelqu'un à l'impero ou de me rendre dans un quartier moldu.

Nous sommes arrivés devant la demeure tandis que je pensais et mon amante éclate rapidement la porte d'un simple sort. A peine sommes nous entrés que le premier sort nous frôle, nous ratant heureusement de justesse à cause de la précipitation de l'homme mais je n'attends pas une nouvelle occasion pour poursuivre les hostilités.

« Lashlabask. »

Je ne sais pas si je l'ai touché ou non, même si ma baguette était pointée droit devant lui. Je n'enchaîne pas avec le sort dont j'ai précédemment terminé l'invention de peur qu'il ne rate, mais l'idée d'utiliser l'endoloris me vient rapidement. Sadique, je m'exécute rapidement en pointant ma baguette dans la direction de ma victime et en priant mentalement pour qu'il n'ai pas le réflexe de se protéger.

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Mon sortilège est stoppé par un protégo et Bellatrix prends le relai immédiatement. Elle hurle la formule de stupéfixion et notre adversaire est jeté au sol. Je passe ma langue contre les lèvres de mon masque tandis que Bellatrix dévoile son visage d'un mouvement de baguette avant de s'amuser, lançant quelques mots d'une voix enfantine. Il est vrai que Fenwick a été trop facile à battre avec les réflexes de ma coéquipière et je regrette presque de n'avoir pas eu le temps de tester mon invention mais bah … J'aurais bien d'autres occasions. Je regarde Bellatrix se glisser à mes côtés, attrapant l'arme blanche accrochée à ma ceinture avant de me faire un clin d'œil. Elle part alors du côté de notre victime, gravant profondément dans la chair de son bras quelques mots, que je peux lire comme étant « traître à son sang » lorsque mon amante se relève. Elle remet le poignard en place et je le retire immédiatement, entendant l'ordre avec un sourire. Je n'ai aucunement l'intention de l'achever d'un avada kedavra, ce serait beaucoup trop simple ; ce que je veux, c'est du sang.

Je vais m'agenouiller rapidement du côté de Fenwick, le sourire d'un enfant sadique s'étant greffé sur mon visage et, levant le stylet à la hauteur de mon visage en le tenant d'une main distraite, je le laisse retomber avec force dans la gorge de l'homme. Le sang qui gicle avec violence éclabousse le sol et mes vêtements tandis qu'un rire profondément amusé et incontrôlé me saisit. Je fixe le trou dans la gorge sans reprendre mon sérieux et je lève à nouveau le stylet, l'enfonçant cette fois dans la poitrine juste en dessous du cœur. Je trace le contour de l'organe vital en tranchant la chair à la dague avant de dépiauter la partie concernée. L'organe apparaît, ne palpitant déjà presque plus et j'arrache les nerfs qui le maintiennent en place avec le stylet, avant d embrocher le cœur lui même. Je le fais tomber sur le sol, l'éclate d'un coup de talon en faisant jaillir en trombe le sang qui y était contenu, salissant une bonne partie de sols de la pièce. Oh mon dieu, c'est dégueulasse.

Et le mieux c'est que j'aime cela.

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Nous ne restons pas longtemps sur place après que j'ai éclaté l'organe cardiaque au sol. Bellatrix m'attrape par le bras, m'entraînant à l'extérieur avec rapidité et je jette un dernier coup d'œil sur le sol teinté de sang frais avant de la suivre vers la sortie. La maison a beau être à l'écart, le bruit d'explosion se sera surement faire entendre dans le village. Un sortilège du feudeymon enflamme la maison dans son intégralité. Je regarde Bellatrix sautiller quelque instants devant la demeure qui se consume avant qu'elle ne reprenne son sérieux et ne lance un morsmordre.

Une immense tête de morte verte, scintillant parmi les étoiles et à la lueur de la lune, se dessine dans les airs. Elle recrache un serpent et je contemple avec fierté le signe de notre Maître avant que Bellatrix ne m'attrape à nouveau le bras pour me faire transplaner. Nous surplombons désormais le village, éclairé en partie par les éclats émeraudes de la marque du Lord et la vue que nous offre notre cachette de pierre et de terre est exceptionnelle. Je pose un genou à terre, le souffle coupé par le respect envers la Marque avant de m'asseoir et de reporter mon attention sur Bellatrix. J'encadre son visage de mes deux mains, la regardant avec les yeux brillants avant de capturer ses lèvres quelques secondes.

« Oui… Et c'est principalement grâce à toi. Ton Morsmordre est vraiment réussi. »

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Assis près d'elle après l'avoir embrassée, je déplie mes jambes en appuyant les paumes de mes mains sur le sol, les bras basculant un peu derrière mon dos. J'écoute attentivement sa réponse, inclinant la tête avec douceur et intérêt mais ne prononçant pas un seul mot, incapable d'interrompre sa dévotion dans un si beau chemin. Mêlée de mélancolie et d'admiration envers le Maître, sa voix semble avoir quelque chose qui ne nécessite pas de réponse et je laisse doucement le silence s'installer entre nous, posant tout simplement une main sur ses épaules sans oser caresser ses cheveux ou son visage. Elle me pose une autre question, changeant de sujet sans transition et je souris doucement, essayant d'être sincère même si je ne sais pas très bien ce que je ressens. Je n'ai jamais trompé ma femme avant de la rencontrer et je me pensais plutôt condamné à l'avoir pour unique relation sexuelle avant de croiser la route de Bellatrix et de voir mes espoirs se concrétiser quelques jours auparavant. Gardant ma main gauche sur la mangemorte, répondant d'une voix qui sonne juste et sincère – d'ailleurs, ne le suis-je pas ?

« Je ne sais pas Bellatrix, c'est venu tout seul… J'aime ton sadisme, ta cruauté. J'aime le fait que nous partagions les mêmes opinions et le fait que tu sois prête à tout pour que nous triomphions. J'aime tes yeux qui sont magnifiques, surtout, plus que tout et la perfection de ton âme qui s'y reflète. Je t'aime parce que tu es toi, en fait. »

Je laisse tomber mon torse en arrière pour m'allonger sur le sol, fixant le ciel tout en réfléchissant. Je n'ai aucune idée de pourquoi je l'aime plus qu'une autre, c'est venu comme une évidence peut être la première fois ou je l'ai vue en attendant que cela se révèle véritablement deux jours auparavant. Je croise mes bras en dessous de ma tête, les yeux perdus dans les étoiles et dans le scintillement de la marque des ténèbres. J'ai parlé de la perfection de son âme avec sincérité. Certains pourraient facilement dire qu'elle est folle, dérangée mentalement, digne d'être enfermée en hôpital psychiatrique mais moi je la trouve merveilleuse. Elle est idéale, guerrière et sadique, ne reculant jamais devant l'adversité ni devant quoi que ce soit. Alors une question me brûle les lèvres et je laisse s'échapper sans vraiment réfléchir.

« Tu sais toi, pourquoi tu m'aime ? »

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Comme moi, elle réfléchit quelques secondes avant de répondre d'une voix hésitante, prouvant qu'elle ne ressent qu'une sorte de plaisir simple en ma compagnie. Je songe que j'ai peut être parlé trop vite auparavant, quand j'ai évoqué l'amour et non pas une affection un peu plus poussée qu'envers ma femme mais je ne sais pas. L'amour, c'est surement ce que j'éprouve envers mes gosses quand je les protège, quand je leur apprends la vie et leur supériorité sur les autres en raison de leur sang-pur… En tout cas si je n'aime pas Bellatrix, je n'aime aucune autre femme, ce qui ne serait pas pour me déplaire. Moins j'éprouve de sentiments positifs, mieux je me porte dans ma vie.

Tandis que je réfléchit aux différents degrés d'affection dont je peux faire preuve actuellement, Bellatrix vient poser ses lèvres sur les miennes pendant quelques secondes et je souris brièvement, ouvrant légèrement la bouche qu'elle capture également ma langue. Je caresse doucement ses cheveux, vrillant une mèche entre mes doigts avec délicatesse avant de prononcer quelques mots d'une voix légèrement excitée, sans transition.

« Tu crois qu'il avait des enfants Fenwick ? Ou genre des petit-enfants, ou même des petit-neveux, ou je ne sais quoi encore, en bref des gamins dans sa famille ? »

Mes pulsions animales remontent lentement à la surface, le souvenirs du cœur arraché et broyé sous mon pied revenant soudainement se coller à ma rétine. Je me relève sans laisser à Bellatrix le temps de se remettre de mon manque total de cohérence dans mes actions et je vais me poser au bord de la grotte, regardant le village malgré son éloignement. J'ai envie de torturer un enfant maintenant, immédiatement.

PETIT MEURTRE ENTRE… « AMIS ».

Voila une autre chose que j'aime chez elle à laquelle je n'ai pas pensé, mais que je n'aurais pas osé lui dire même en ayant eu l'idée auparavant. Le fait qu'elle soit capable de passer du coq à l'âne avec une facilité extraordinaire et qu'elle puisse changer de sentiment d'un moment à l'autre sans qu'on s'y attende. Je ne souris pas malgré tout durant ses reproches, me contentant de fixer les horizons comme si aucune de ses paroles ne m'atteint – ce qui est en quelques sorte le cas. Peut être que je ne l'aime pas en vérité, vu le manque de sentiment que j'éprouve en l'entendant parler et même aller jusqu'à dire que je la répugne presque. Je sors tout simplement un paquet de cigarettes de ma poche, en coince une entre mes lèvres avant de remettre les autres à leur place. Ma baguette glisse entre mes doigts et je murmure à voix très basse le sortilège inventé, faisant apparaître à nouveau les flammes violettes dans l'air avant de frotter le bout de ma cigarette dessus. J'agite la baguette pour permettre aux flammes de se dissiper rapidement avant de fixer à nouveau les environs tout en fumant. La bas, l'incendie attire déjà une foule qui s'agrandit de plus en plus au fur et à mesure que les cris des villageois résonnent. Réfléchissant sans parler aux paroles de Bellatrix, je me contente de tirer sur ma cigarette en redevenant froid et sachant que je vais sans doute le rester durant un moment.

Il est peut être temps de nous séparer maintenant que nous ne sommes plus sur la même longueur d'onde. Je me réjouis soudainement presque de la dégoûter, cela m'évitera d'avoir en tête l'idée que je puisse trop m'attacher à elle à l'avenir. Mais je n'en parle pas pour le moment, ma nervosité me quittant de plus en plus au fur et à mesure que je tire sur ma cigarette et qu'elle se consume en envoyant la moitié de sa fumée dans les airs, l'autre dans mes poumons. Ou est passé l'adulte imperturbable et insensible que j'étais auparavant, celui qui se contentait de torturer les proies qu'on lui donnait sans en chercher d'autres ? Probablement, la fierté d'avoir enfin terminé la création d'un sortilège m'a fait enfler et m'a fait déraillé du droit chemin, obsédé comme je le suis à vouloir le tester sur quelqu'un. Je me brûle les lèvres avec ma cigarette, soudainement honteux et mal à l'aise de ma conduite. Agir, ne pas réfléchir. Elle a raison en somme, mais je ne trouve pas les mots pour le lui dire sans craindre de la vexer à nouveau. Alors je reste silencieux, acquiesçant la tête pour l'approuver tout en craignant que mon manque de réponse ne l'agace encore plus. C'est sans doute la raison pour laquelle, jetant mon mégot sur le sol de la grotte et l'écrasant sous mon talon quelques temps après avoir écrasé la cigarette, je me décide à rompre le silence – des deux maux, choisir le moindre en quelque sorte.

« Tu as raison, ma question était profondément stupide et irrespectueuse. Je ne sais pas ce qui m'a pris de la poser. »