Le froid matinal prenait au ventre et surtout au nez, mais Abador n'en démordait pas, l'entraînement quotidien de son équipe était vital pour que ses filles gardent la forme et surtout la tête du classement ! Enfin elles n'étaient pas encore en tête pour cette saison, mais à un match de le devenir ! Elles devaient jouer contre les frelons dans une semaine, et il n'y avait pas intérêt qu'elles perdent ! La victoire de la veille avait été largement fêtée et Abador avait eu des échos aux oreilles quant au comportement de certaines de ses joueuse aux Trois Balais. Il allait donc leur faire payer cet écart de conduite. Ooooh oui, elles allaient le payer très très cher...

Il avait convié les filles a sept heures tapantes et, heureusement pour leur matricule, elles avaient toutes été présentes ! Après un long discours d'une demi heure, ponctué de "je vous rappelle que vous n'avez gagné "que" contre les Canons qui ont toujours été les plus nuls du classement !" et de "si vous voulez finir premières et de surcroit première équipe féminine de l'histoire a remporter la coupe, il va falloir vous bouger les fesses !", elles avaient commencé l'entraînement sur les chapeaux de roues et ce n'était pas triste... Abador, emmitouflé dans un vison marron, une cigarette dans la bouche, regardait ses joueuse s'entraîner et ne loupait pas UNE SEULE faute, hurlant comme un ours à chaque impair d'une joueuse.

LAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!! *tuuuuuuuuuuuuuut* LAAAAAAAAAAAA !!!! McCAGAN TU COMPTES LES BOUGER QUAAAAAAAAAND TES GROSSES FESSES DE GARDIENNE ?! TU VOIES BIEN QU'O'NIEL TE FONCES DESSUS PAR LA DROIIIIIIIITE !!!!! REVEILLES TOI UN PEU !!! T'AVAIS QU'A BOIRE MOINS DE WHISKY PUR FEU HIER !!!! OUI MADAME, PARFAITEMENT !!! JE SAIS TOUUUUUT, MOI !!!!!

Tournant son regard ensuite vers Annasophia, il lui hurla dessus a son tour.

ET TOI, WHISP !!!! TU COMPTES REGARDER LE COGNARD TE PASSER DEVANT COMBIEN DE FOIS AVANT DE TAPER DEDANS?! DESCEND ICI TOUT DE SUITE !!!!!

Attendant que la jeune fille atterrisse à ses côtés, il la toisa du regard, les yeux plissés.

Kestafé hier soir, pour avoir une tronche pareil ?!

Un entraînement de Quidditch à 7 heures du mat', ça fait mal. Avoir mal aux cheveux, c'est douloureux. Mais imaginez juste un entraînement de Quidditch à 7h du mat' en aillant mal aux cheveux ? Franchement j'avais l'impression que mon cerveau allait éclater, et c'était encore pire à chaque fois que je frappais un Cognard (ce qui avait du arriver deux fois depuis le début de l'entraînement, autant dire que là j'étais carrément nul). Bon, j'étais pas la seule dans ce cas là, avec les filles on avait bien rigolé hier soir. Enfin, elles je sais pas mais moi j'avais bien rigolé, j'étais pas restée avec elle j'étais avec quelqu'un d'autre.

Rien n'échappait à Fillarius. Depuis ce matin il nous hurlait dessus, de nous sortir les doigts de quelque-part, et ça ne nous rendait pas pour autant plus efficaces mais nous faisions tout de même de notre mieux. Que nous fassions la fête n'avait pas vraiment été à son goût et là il nous le faisait un peu payer je crois, parce que d'habitude il n'était pas aussi exigeant que ça. Enfin si, mais il nous criait pas dessus comme ça. Enfin si. Mais pas comme ça. Enfin, j'sais pas, enfin p'tete, j'ai mal aux cheveux.

Je voulais qu'on en finisse, qu'on m'achève, que ce troupeau de trolls ARRÊTE de me passer sur la tronche.

Alors que je loupais une nouvelle belle occasion de me faire un Cognard, mon entraîneur me hurlait dessus pour que je descende. J'avais pas tellement envie. Pas du tout même ... Mais plus je tarderais à y aller, et pire ce serait. En fait, Abador Fillarius était comparable à une Beuglante aujourd'hui. Plus j'attendrais et pire ce serait. En plus il était aussi rouge !
J'aterrissais à une dizaine de mètres de lui tandis qu'il continuait à vociférer. Ce que j'avais fait hier soir ? Rien qu'en y repensant j'avais un sourire béat. Une nuit DE RÊVE avec le meilleur coup de toute la Grande Bretagne. J'allais pas le dire à mon entraîneur, c'est vrai parce que là je crois qu'il m'aurait obligée à creuser un trou avec mes doigts pour m'enterrer dedans et ne ressortir qu'au printemps prochain.

"Heu, j'ai un peu bu et beaucoup dansé ..."

L'inverse en fait. Je ne mentais pas je modifiais juste un peu la réalité.

Abador regarda Annasophia avec un tel mépris dans le regard qu'il en était presque palpable. S'avançant vers la jeune femme, les mains dans les poches, le menton haut, il tira une grande latte sur sa cigarette avant de la jeter d'un geste presque théâtrale. Désormais à quelques centimètres de la jeune femme, il cracha la fumée par le nez avant de dire.

Ohhhhhhh, vous dansiez...? J'en suis fort aise ! Eh bien... Vous allez en chier, maintenant.

Si Abador commençait à citer la littérature française (revisitée à sa façon, moldue de surcroit) du XVIIème siècle, c'était de très TRES mauvaise augure. De toute évidence, l'effluve de l'haleine d'Annasophia laissait plutôt penser qu'il y avait eu plus d'alcool que de danse, et Abador le savait très bien. Claquant des doigts puis montrant le sol de son index, il dit.

Vingt pompes. J'ai dis Vingt pompes !!! Et sans râler ! J'vous apprendrai à boire, moi, bande de verracrasses. (hj: bande de moules !)

Le sol était particulièrement boueux aujourd'hui et le temps humide n'aidait pas. Annasophia s'exécutant à ses pieds, il regardait en même temps les autres joueuses qui avaient vu la scène d'en bas et s'étaient soudain réveillées ! Miracle ô miracle !

Allez... ALLEZ !!! 14, 15... C'est bien, tu vois quand tu veux !!! 17, 18.. Allez, plus qu'une... et vingt ! Hop ! Debout ! Remontes sur ton balais, plus vite que ça ! Tu viendras me voir à la fin de l'entraînement, j'aurai deux mots à te dire.

L'entraînement continua ainsi pendant deux heures. Regardant sa grosse montre en or, une autre cigarette à la bouche, Abador frappa dans ses mains.

BIEN ! C'est tout pour aujourd'hui ! Bon, à chaque fois que vous déciderez de faire une soirée comme hier soir, vous aurez un entraînement comme aujourd'hui !!! Rendez-vous ce soir, à 17h, pour un match d'entraînement ! Maintenant, toutes à la douche ! Et Annasophia, je t'attend dans mon bureau ensuite !

Quittant le terrain après avoir jeté sa cigarette sur le sol boueux, il se dirigea vers une annexe au stade où se trouvaient les bureaux des Harpies. Abador n'était pas directeur d'une petite équipe nationale... Non, il avait fait des Harpies une équipe internationale, et surtout la première équipe exclusivement féminine. Enfin sauf si on comptait l'équipe de France qui n'était composée que de joueuses... Qui pour la plupart étaient dans son équipe à lui. Enfin, son meilleur espoir en ce moment, c'était Annasophia, et il ne lui laisserai rien passer du tout. Pas le moindre écart de conduite, car il voyait bien plus grand pour elle. Abador n'était pas qu'un entraîneur et le PDG des harpies, il était également l'agent de quelques joueuses, celles sur qui il fondait le plus d'espoir. Et croyez moi, ça lui ramenait un paquet de gallions.

Assit derrière son bureau, une tonne de parchemins autour de lui, il ne prêtait aucune attention au mur sur sa gauche sur lequel étaient accrochées des dizaines photos de sa famille. On voyait, voletant de tableaux en tableaux, une petite fille sur un balai-jouet, un petit garçon toujours collé aux jupes de sa mère. Mère qui était particulièrement belle, d'ailleurs. Myrrah Fillarius était de très loin l'une des plus belles sorcières d'Angleterre... Et pour cause ! Elle était à moitié vélane.

On frappa bientôt à sa porte. Ne relevant pas la tête, il dit d'une voix forte et audible.

Entrez !

Quand mon entraîneur se mettait à citer les fables de La Fontaine, c'était souvent mauvais signe. Non, en fait c'était toujours mauvais signe. J'étais forcée de faire 20 pompes d'affilée. 20 pompes, honnêtement, ça va. Mais 20 pompes en ayant mal aux cheveux, et en s'enfonçant dans la boue, c'était comme en faire 60. J'en chiais, non d'une goule ! Mais je ne disais rien parce que je savais que c'était mérité. Et pendant que je faisais mes exercices, je me faisais proprement incendier. Ah ça, j'étais pas prête de recommencer. Dommage, ma nuit avec Barty avait été franchement fantastique et je comptais bien le revoir.

C'était notre punition pour avoir bien rigolé la veille. En même temps, aucune de nous n'avait été raisonnable ... Etait-ce une raison pour se faire traiter comme des goules véreuses ? Apparemment oui.

Du coup, quand j'étais arrivée à son bureau, j'avais essayé de ne plus ressembler à un gros tas de boue avec des jambes. Et c'était pas trop mal réussi, à part que j'étais complètement carpette, torchon, chiffon ! Je n'avais même pas eu la force de lui dire "me voilà ..."

Une place pour l'équipe d'Angleterre ? Whaou ! Mon rêve ! Je n'y croyais pas !!!! J'avais envie de sauter sur place ! Et ... Quoi ? Attend ... Il a ...

"Refusé ?"

Je n'osais pas faire de réflexion, mais je me sentis très en colère sur ce coup là. Et même injustement punie. Tout le monde avait fait la fête hier soir, pourquoi MOI je devrais prendre pour toutes les autres ? Mais je ne voulais pas faire front à mon entraîneur, c'était lui qui faisait la pluie et le beau temps sur ma carrière. Alors je baissais la tête, très déçue. Mais pour tout vous dire j'avais franchement envie de pleurer, surtout maintenant qu'il me balançait mon manque de maturité dans la tête. Il croyait quoi ? J'avais que 18 ans ! La plupart de mes amies d'école, elles passaient leur temps à s'amuser !

Et puis de quoi se mêlait-il ? J'avais les joues en feu. Je passais la soirée avec qui je voulais non ? Et j'avais bien l'intention de le revoir en plus, surtout après la super nuit de rêve que j'avais passé. Il était peut-être crétin, je lui demandais pas d'être locace, juste de me garder une place dans son lit à l'occasion.

Je repris l'ascenseur émotionnel dans l'autre sens à la vitesse V.

"Capitaine ?"

Même remplaçante, ce serait un poste de capitaine, et ça ne pouvait m'apporter que du positif. Mais ça voulait dire aussi que je devais montrer l'exemple, arrêter de me mettre à l'envers après chaque match, me coucher tôt, manger du jambon au petit déjeuner, bref, tout ce que je détestais. Mais si cela pouvait me donner une place en équipe nationale, je pourrais vendre ma mère pour ça !
Bon, de toutes façons je lui parlais plus.

J'avais envie de sauter de joie, mais il ne valait mieux pas. Il ne fallait SURTOUT PAS qu'il ai l'impression de me faire plaisirs sinon il me retirerait ça tout de suite. Et j'aurais ma place si les Harpies remportaient la coupe.

"Okay. Je vais me défoncer."

La victoire de mon équipe, j'en faisais une affaire personnelle maintenant.