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 Douces illusions de la jeunesse

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Sorcière

Abigail O'Riain
Abigail O'Riain

Emploi : Diplomate au chômage forcé

Messages : 84


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MessageSujet: Douces illusions de la jeunesse   Douces illusions de la jeunesse EmptyDim 31 Mai - 11:51

« Cal et moi…on va se marier. »

La nouvelle fit l’effet d’une bombe en cette fin d’après-midi du mois de septembre 1968. Dans une grande maison de maître perchée sur une falaise de la péninsule du Dingle, le couple O’Riain regardait leur fille Abigail, les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, ayant du mal à croire les mots qu’elle venait de prononcer.

« Si c’est une plaisanterie, sache qu’elle ne m’amuse pas. », répondit Eógan.

Un petit sourire moqueur releva les coins des lèvres de la sorcière blonde qui lui faisait face.

« Je suis on ne peut plus sérieuse. »

Abigail s’était attendue à ce que cette annonce ne transporte pas ses parents de joie, et en réalité, l’idée que cela contrariait son père était la cerise sur le gâteau. Cela faisait des années, depuis qu’elle avait compris qu’il se fichait royalement de Laoise et de tout l’amour que la pauvre femme lui portait, qu’Abigail prenait un malin plaisir à contredire son géniteur et à décevoir ses attentes qu’elle estimait indignes d’elle. D’une certaine façon, elle vengeait sa mère à sa manière, cette créature faible qui se faisait mener par le bout du nez.
Eógan s’attendait à ce qu’elle revienne habiter au manoir après ses études ? Elle avait emménagé à Londres directement après la sortie de Poudlard. Il souhaitait la former à l’entreprise familiale ? Elle avait passé avec brio le concours d’entrée aux apprentissages du département de la Coopération Magique Internationale. Il ne pouvait se plaindre, c’était lui qui lui avait donné le goût des voyages après tout, et la jeune fille nourrissait de bien plus grandes ambitions que celles de reprendre un commerce d’objets d’Art magique. Enfin, le sorcier lui avait présenté les fils de relations piochées parmi le gratin de la société magique ? Abigail avait jeté son dévolu sur un « simple auror » et venait même d’accepter de l’épouser.
Evidemment, à tout juste 18 ans, elle était terriblement jeune pour prendre une telle décision, d’autant plus que l’Ecossais et sa belle se fréquentaient depuis à peine plus d’un an – année qu’ils avaient majoritairement passée chacun d’un bout à l’autre du pays d’ailleurs…mais ils n’avaient que faire de l’avis de leur entourage ! Du côté des McLean on parlait de pure folie, et nul doute que les O’Riain trouveraient d’autres qualificatifs aussi peu indulgents, toutefois ils seraient bien forcés de se faire à l’idée car rien ne saurait changer l’avis de leurs rejetons. Ils étaient follement épris l’un de l’autre, « accros » comme disait parfois Ailsa, et persuadés que leur avenir était ensemble, un point c’est tout !

« C’est hors de question ! », vociféra le père indigné.

« Comme si tu avais le choix. Aux dernières nouvelles, je suis majeure et n’ai pas besoin de ta permission. »

« Tu es ridicule ma fille, tu le connais à peine. Tu pourrais trouver beaucoup mieux qu’un employé du Ministère sans distinction ! »

Eh bien, il n’avait pas perdu de temps pour exprimer le fond de sa pensée, tandis que Laoise fondait en larmes, enfoncée dans le gros canapé de cuir brun à côté de son mari. Abigail fronça les sourcils et se retint de lever les yeux au ciel. Forcément, sa mère était obligée de chouiner dès qu’ils haussaient un peu le ton !
La jeune fille n’était pas surprise par l’indignation de son père et encore moins par l’avis qu’il exprimait sur Cal, il n’avait jamais caché sa déception de la voir se choisir un prétendant qu’il jugeait sans panache. Cependant, si Eógan n’était pas capable de voir les signes flagrants de l’avenir auquel l’auror était promis, Abigail, elle, les avait reconnus très rapidement. Ses aspirations professionnelles étaient aussi ambitieuses que celles de la jeune femme, et ils avaient immédiatement senti chez l’autre ce carriérisme qu’ils partageaient indéniablement. Calum McLean serait quelqu’un d’important dans le futur, la jeune sorcière en était persuadée. Et n’en déplaise à Eógan, elle n’allait pas le laisser insulter son fiancé sans broncher.

« Je te prierai de modérer tes propos quand tu parles de l’homme qui partage ma vie. », dit-elle d’un ton déterminé.

Le sorcier poussa un soupir excédé et ferma les yeux en se pinçant l’arête du nez. S’il avait su que sa fille deviendrait si entêtée, il aurait peut-être consacré un peu plus de temps à son éducation au lieu d’en laisser le soin à sa pleurnicheuse de mère ! C’était trop tard désormais, et il voyait tous les espoirs qu’il avait placés en elle réduits à néant. Et dire qu’il n’imaginait pas un instant qu’elle réussirait bien mieux que lui et sans difficulté…

« Tá mé brónach... Shíl mé go mbeadh tú go bhfuil tú fáilte go dtí mo sonas , daid. »
["Je suis triste…je croyais que tu te réjouirais de mon bonheur, papa."]

L’utilisation du gaélique irlandais et du petit nom donné par l’enfant à son géniteur firent mouche, comme l’avait espéré Abigail. Elle sut que son père rendait les armes en croisant son regard lorsqu’il rouvrit les yeux. Décidément, il était si facile à manipuler que c’en était presque ennuyant ! Oh, bien sûr il n’était pas plus ravi qu’auparavant de savoir qu’elle allait épouser Cal, mais au moins il ne ferait plus de scène à ce propos.

« Ma foi, c’est ta vie après tout. Si ça t’amuse de la gâcher si jeune… »

Et sur cette capitulation, il quitta la pièce, laissant à sa fille le soin de consoler sa mère.
Cachant le petit sourire triomphant qui menaçait de s’étirer sur ses lèvres, Abigail se leva de son fauteuil et rejoignit Laoise sur le canapé, la prenant dans ses bras comme elle l’aurait fait avec une enfant.

« Chut, maman. Pourquoi tu te mets dans des états pareils ? Je viens de dire que je suis heureuse. »

Elle sentait les épaules de sa mère tressauter de sanglots contre elle et passait doucement sa main dans son dos en lui chuchotant des paroles rassurantes. Ses deux parents aimaient vraiment se donner en spectacle, chacun à leur manière, et Abigail espérait que Laoise allait bientôt se calmer, car sa patience n’était pas infinie. Heureusement, celle-ci tarit ses larmes et finit par retrouver un semblant de dignité.

« Je suis désolée, je sais que je devrais te féliciter et ne pleurer que de joie, mais je ne peux m’empêcher de penser que tu es sur le point de commettre les mêmes erreurs que moi. »

En entendant ces mots, Abigail dut se retenir de ne pas repousser violemment sa mère. Cette dernière venait de l’offenser gravement sans le savoir : en effet, la jeune fille avait toujours éprouvé une pitié mêlée de dédain pour la faiblesse dont sa mère faisait preuve face à son mari. Laoise se faisait avoir constamment avoir par Eógan, qui la considérait au même titre que l’un des jolis bibelots qui trônaient dans ce salon aux allures de musée, et Abigail s’était toujours jurée de ne pas répéter les bêtises de sa génitrice. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’elle avait hésité un moment lorsque Cal avait fait sa demande, soudainement inquiète à l’idée de s’engager aussi vite sur une voie qu’elle pourrait regretter par la suite, mais il était finalement parvenu à la convaincre. Contrairement à son père, Cal était sincère sur ses sentiments à son égard, et elle était assez fine psychologue pour déceler lorsqu’on essayait de profiter d’elle. Et puis elle était incapable de résister à celui qu’elle s’amusait à appeler son « Highlander » et qui l’avait immédiatement séduite avec son accent venu des landes écossaises.
C’est donc avec une certaine fermeté, mais non dénuée de douceur, qu’elle éloigna légèrement sa mère pour que celle-ci lui fasse face.

« Ne t’inquiète pas, je sais ce que ce que je fais. Tout se passera bien, car nous nous aimons réellement. »

« Je sais, mo banphrionsa órga, je sais. »
["Ma princesse dorée"]

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Abigail passa encore quelques heures à rassurer sa mère, mais ne revit aucune trace de son père avant de repartir pour Londres. Rien d’inhabituel, en somme !
Elle ne fut pas mécontente de quitter la riche demeure des O’Riain et de prendre le portoloin qui la ramena à la capitale anglaise à 23h tapantes. Ayant atterri non loin de chez elle, elle se hâta de rejoindre son immeuble, et la lumière qui brillait à la fenêtre lui indiqua que son retour était attendu malgré l’heure tardive. Elle monta rapidement les marches des quatre étages qui menaient au petit appartement de Cal, dans lequel elle avait emménagé directement à sa sortie de Poudlard deux mois auparavant.
Abigail eut à peine le temps de passer la porte d’entrée qu’elle fut soulevée de terre par deux bras puissants, lui faisant lâcher sa valise sans plus de cérémonie. Presque aussitôt, Cal s’empara de ses lèvres avec une impatience mal dissimulée, comme s’ils avaient été séparés des décennies entières.

« Enfin ! », dit-il simplement mais avec ferveur, lorsqu’il consentit à interrompre ses baisers.

Aby eut un rire lorsqu’il la reposa au sol sans desserrer son étreinte néanmoins.

« Je t’ai manqué ? »

Question purement rhétorique, depuis qu’elle était sortie de Poudlard ils ne passaient jamais plus d’un jour sans se voir, son petit séjour de 48h en Irlande avait donc été l’équivalent d’un supplice.

« Alors, qu’est-ce qu’ils ont dit ? »

« Ils n’ont pas débouché le champagne, comme on s’y attendait. »

Cal émit un petit grognement mécontent. A part sa sœur, il n’y avait vraiment personne qui comprenait leur décision et tous les voyaient comme deux gamins qui s’engageaient sans réfléchir. Qu’importe ! Il tenait la seule personne dont l’avis comptait entre ses bras, et le merveilleux sourire qu’elle lui adressait en cet instant suffisait à lui faire oublier les critiques essuyées par leurs fiançailles.

« Ils n’ont qu’à râler, je ne vais pas perdre mon temps avec eux. », conclut Aby, « Maintenant, peut-on ne pas passer la nuit dans le couloir, s’il-te-plait ? Toute la soirée je n’ai rêvé que d’un bain brûlant… »

Le sourire coquin qu’elle lui adressa suffit à Cal pour comprendre ce qu’elle avait derrière la tête, et il passa ses bras autour de ses jambes pour la poser en travers de son épaule comme un sac, lui arrachant un nouveau grand éclat de rire alors qu’elle s’appuyait contre son dos.

« Bien, m’dame ! Vos désirs sont des ordres. »

Allongée dans la baignoire contre l’élu de son cœur, Abigail se laissa aller à rêvasser tandis qu’ils discutaient tranquillement des préparatifs du mariage.
Oui, tout se passerait bien, elle n’en avait pas l’ombre d’un doute. Comment pourrait-il en être autrement ?
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