Martin avait encore une fois été de garde au ministère. A croire même que c'était la seule personne à faire des gardes, dans cette usine à gaz. Son chef lui avait demandé la veille, et bien entendu, il avait accepté. C'est vrai qu'il avait été toujours d'une extrême gentillesse, il avait même dit à Emmeline de rentrer chez elle, qu'elle n'était pas obligée de lui tenir compagnie. Après tout, c'était bien connu, il n'avait pas de vie, et TOUT LE MONDE en profitait.

Il devait être trois heures du matin lorsque, endormi sur son bureau... Affalé serait plutôt le terme exact... Une note de service vint se loger directement dans son oreille droite. Entre-ouvrant les yeux, il passa sa main sur son visage, en extrait la note et commença à la lire.

C'était un rapport des espions qui se faisait à peu près toutes les heures. Les cinq dernières depuis qu'il avait commencé sa garde disaient "RAS", ce qui lui avait permis de se rendormir. Mais, celle ci était tout à fait différente.

El la lisant, Martin ouvrit de grands yeux. Prit d'une légère panique, il regarda à droite, à gauche, personne. Les bureaux étaient totalement vides. Que devait-il faire... Que devait-il faire ?! C'était sans doute un code rouge... VOIRE MEME NOIR !!!!

Il monta alors précipitamment dans le premier ascenseur venu, monta jusqu'au hall et prit la cabine téléphonique qui ramenait à l'entrée des visites, puisque les cheminées étaient fermées. Transplanant alors rapidement, il arriva devant la porte de son chef, Calum. Nerveusement, il frappa une première fois. Pas de réponse. Il tambourina une seconde fois, puis une troisième fois, jusqu'à ce que quelqu'un DAIGNE lui ouvrir.

Son chef, totalement pas du tout réveillé vint lui ouvrir, un regard plein de panique, il dit d'une voix un peu trop forte pour lui.

Cheeeeeefffff !!!!!! Une note !!!! UNE NOTE DES ESPISON est arrivée !!! Vous-savez-qui aurait été vu... DANS LES RUES MOLDUES !!!!!!

C'était... Une catastrophe.

Allongé à côté de sa femme, Calum fût réveillé au beau milieu de la nuit par quelqu'un qui tambourinait contre la porte. Alerte, il saisit sa baguette et se dirigea vers sa porte d'entrée. Qui pouvait bien venir chez lui à une heure pareille ? Qui D'AUTRE que Martin Delacour ?

"Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Y a intérêt pour toi qu'on ai minimum attaqué le Ministère."

Et tout ça pour quoi ? Une note des espions qui disaient que Lord Voldemort avait été aperçu dans les rues de Londres ? C'était peut-être plus sérieux que ce qu'il aurait cru.

"Ah bon ? Mais bon sang pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ? Il y en avait d'autres avec lui ? Il avait des otages ? Il y a eu une attaque ?"

Le chef des Aurors était maintenant totalement réveillé, prêt à sauver le monde.

Martin était plus que ravi de voir que son chef avait porté attention à sa note. Il avait donc eu raison de se déplacer jusqu'à chez Calum pour lui faire part de cette nouvelle. Il était toutefois mêlé entre la crainte d'un danger imminent et le bonheur de se faire bien voir, pour une fois.

Néanmoins, il remarqua que Calum avait tendance à prendre l'affaire un peu trop à coeur. Une attaque, des otages...? Les espions n'en faisaient pas mention en tous cas. L'air un peu gêné, il dit simplement, d'une voix peu assurée.

Euh... Non... Je... Enfin... Les espions font seulement état d'un homme grand... vêtu d'une longue cape noire, d'un air relativement agressif, accompagné d'une femme vêtue de noir, également... Et...

Il reprit la note qu'il avait dans sa poche et la lu à autre voix.

Ils sont... Montés dans un véhicule moldu appelé "taxi". Voilà... C'est... Mais ils ont la certitude qu'il s'agit du seigneur des ténèbres !!!!

Oui, Martin en avait l'absolue certitude. Mais... Il avait peut-être mit un peu trop d'enthousiasme dans cette note...

Calum appréciait beaucoup Martin. Il était la personne qui se rapprochait le plus d'un ami. Il mettait souvent ses compétences en avant, n'hésitait jamais à lui faire confiance et lui confiait des missions importantes et confidentielles, même si, souvent, il se demandait pourquoi diable il était devenu Auror. Martin était très émotif et en fait, il l'agaçait autant qu'il l'appréciait. Il y avait des moments, comme maintenant, où il avait autant envie de le tarter que de l'écouter.


"Ok, alors tu es en train de m'expliquer que des gothiques sont montés dans un taxi. Des Moldus. Bonne nuit Martin."

Il referma la porte sur lui sans plus de cérémonie et cria au travers :

"Et s'il te plaît, ne vient pas me parler de musique venue tout droit de l'enfer parce que ça va VRAIMENT mal se mettre Martin !"

Il lui avait claqué la porte au nez. Calum lui avait claqué la porte au nez !!! Est-ce que c'était de sa faute à lui si les espions étaient de parfaits incompétents à leur service ???

Martin devint alors rouge écarlate, un peu humilié qu'on le traite de la sorte ! C'est vrai quoi, il n'était pas forcément le plus téméraire, mais il méritait un peu de respect ! Et en plus Calum en rajoutait en lui parlant derrière la porte !!!

NON !!!! Y ont même pas parlé de MUSIQUE, espèce de gros malin !!! Et puis... Et puis ne me DIS PAS BONNE NUIT !!!! Ca fait TROIS JOURS que je me tape TOUTES les permanences !!! Juste parce que Martin, il est pas marié ! Martin, il est célibataire, il n'a pas d'enfants !!!! MARTIN IL EST TOUJOURS LA QUAND ON A BESOIN DE LUI !!!! Eh bien moi, je vous dis FLUTE !!!!

La porte se rouvrit alors brutalement et Martin fut soudain face à Calum qui n'avait pas l'air de si excellente humeur que ça...

Enfin j'sais pas... Enfin ptêtre... Je retourne au ministère, c'est ça...?

Calum appréciait Martin vraiment ! Il passait son temps à lui crier dessus, mais c'était une manière comme une autre de lui dire qu'il l'aimait bien. Non parce que ce genre de personne, quand vous l'aimez pas vous lui collez plutôt une bonne paire de claque.
Il s'éloigna de la porte fermée avec le projet de retourner s'allonger à côté d'Aby lorsque l'Auror se mit à crier. Cal' soupira et ouvrit sa porte pour lui offrir sa mine blasée.


"Ben ... Que veux-tu que je te dise ? Et puis tu sais, je te trouve culotté de me dire ça à moi qui ne suit pas rentré depuis 3 nuits. Tu sais depuis combien de temps j'avais pas vu ma femme ? 3 semaines !"

Calum sortit complètement sur le palier en prenant soin de claquer la porte derrière lui, on est jamais trop prudent. Il avait ensorcelé la poignée de manière à ce que seul lui ou Abigail puisse rentrer dans l'appartement.

"Tiens, tu sais quoi ? Demain prend un congé. C'est vrai, on est assez, y a pas trop de travail en ce moment. Ce n'était pas comme si y avait un mage noir qui voulait nuire à la moitié de la population non plus hein ! Y a pas trop de travail. Non sans blague Martin, rentre au Ministère parce que celle-là tu vas la manger." dit-il en agitant sa main.

Martin avait beau être d'une nature très... Très cool, ce que lui dit Calum le blessa profondément. Il se rappelait qu'il y a quelques années, ils étaient de très bons amis. Il y a sept ans encore, lorsque Martin avait été promu Auror et avait ainsi perdu son titre d'apprenti, ils formaient un bon duo, même si Cal avait tendance à commander son ami, il le traitait tout de même comme son égal. Mais depuis qu'il avait été promu chef des aurors, il y a cinq ans, Martin l'avait vu s'éloigner et prendre son nouveau rôle un peu trop à coeur. Il n'était pas le seul, d'ailleurs. Avec le temps, la femme de Cal était devenue l'une de ses meilleures amies et il la considérait un peu comme la soeur qu'il n'avait jamais eu. Il avait vu de surcroit leur relation évoluer et tomber inéluctablement à la catastrophe.

Les poings serrés, la mâchoire tendue, Martin regardait Cal dans les yeux, hochant légèrement la tête de haut en bas. Lorsqu'il eu fini de parler, il lui dit d'un ton qui semblait sortir de la bouche de Martin, certes, mais qui ne ressemblait pas du tout à ce qu'il aurait pu dire s'il avait dormi et qu'il avait été de bonne humeur.

Ecoutes. Ce n'est pas ton subalterne que tu menaces de frapper qui te dit ça, mais c'est ton ami. T'as qu'à apprendre à déléguer plutôt que de t'enfermer dans des obligations que tu t'imposes ! Et c'est à continuer de prendre les gens pour des cons comme tu le fais que tu vois plus ta femme ! T'es chef des aurors, c'est vrai. Mais t'es là pour nous guider, pas nous tenir constamment la main ! Mais t'inquiètes pas. Je termine ma garde et je m'occupe de mes affaires. Restes et occupes toi un peu d'Aby, t'as raison, ça te fera le plus grand bien.

Martin recula de trois pas et, hochant de la tête, il dit, d'un air un peu triste.

T'as changé, Cal.

Il transplana alors, ne voulant même pas entendre son ami se défendre, ça n'en valait pas la peine. Peut-être qu'ils étaient tous sur les nerfs avec tout ce qui se passait en ce moment, mais Martin n'arrivait plus à comprendre Cal, vraiment pas. Les mains dans les poches, il descendit jusqu'au quartier général des aurors et vit sur son bureau plusieurs notes alignées. Il s'en occuperait seul, tant pis. Après tout, ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait.

Calum donnait l'impression que les paroles de Martin glissaient sur lui mais ne l'atteignaient pas. Déléguer l'enquête qui lui prenait la tête ? Malheureusement il n'en avait pas la possibilité, le Ministère n'avait jamais permis que son service mène des investigations pour le meurtre d'Ailsa, il lui appartenait donc de faire des recherches sans l'aide de personne.

"Tu ne sais pas de quoi tu parles." lui dit-il simplement.

Après ça, son ami lui balança une vérité qui se voulait blessante avant de transplaner hors de sa vue, avec courage comme d'habitude. Oui il avait changé. Qui ne changerait pas après avoir traversé une telle épreuve ?
Il eut un rire jaune en y repensant. Il ouvrit sa porte et rentra dans son appartement rejoindre celle qu'il avait retrouvé dans sa détresse ce soir.