[HJ soundtrack : https://www.youtube.com/watch?v=vEHHh8IBhpY]

Un jour comme un autre au département de la Coopération magique internationale. Abigail avait rencontré deux diplomates irlandais, négocié un nouvel accord commercial avec son pays d'origine, conclu les derniers détails autour d'un déjeuner d'affaire dans un restaurant gastronomique de la capitale anglaise, et l'après-midi avait été consacré à la paperasse qui en découlait.
La journée touchait à sa fin et elle rangeait quelques dossiers qu'elle avait réglés, tous avec l'issue qu'elle leur avait prévue. Parmi ceux-ci, une chemise verte portant la mention "Gulen" lui arracha un sourire satisfait.

Son entretien avec Thomas Benett avait été infructueux et avait même eu le don de la pousser dans les limites de sa patience. Abigail n'aimait pas qu'on résiste trop longtemps à ses requêtes, et le jeune homme avait eu le malheur de s'attirer son inimitié en l'insultant proprement. Le pauvre fou ne savait pas que la diplomate était une personne rancunière et portée sur la vengeance, qui savait attendre son heure, et elle n'avait évidemment pas laissé cet outrage impuni.
Les jours qui avaient suivi, Abigail avait pris le temps de réfléchir aux possibilités qui s'offraient à elle, et elles étaient peu nombreuses. Cependant, la diplomate était rompue à ce genre d'exercice et elle avait vite trouvé l'unique solution qu'il lui restait pour, d'une part, sauvegarder les bonnes relations diplomatiques que l'Angleterre Magique entretenait avec son équivalent allemande, et d'autre part faire regretter à Benett ses paroles déplacées et son entêtement.

La sorcière était allée directement rencontrer le couple Gulen et, après une discussion et un habile jeu de persuasion de la part d'Abigail, elle était parvenue à les convaincre sans trop de difficultés d'abandonner les charges en Angleterre pour les porter devant un juge allemand, dans leur pays d'origine, ce qu'ils s'étaient empressés de faire après leur entretien. Ainsi, Abigail avait mis tout le monde daccord...excepté Thomas, probablement.
Elle n'avait pas pris la peine de le prévenir de sa manoeuvre et encore moins de sa victoire sournoise. Il le saurait bien assez tôt de la bouche de ses ex-clients, ou du juge anglais qu'il espérait saisir de l'affaire...peu lui importait ! Il avait découvert à ses dépends qu'elle parvenait toujours à ses fins, quels que soient les moyens.

La belle sorcière classa donc le dossier avec les autres et se rassit à son bureau, signant les derniers papiers de son traité avec l'Eire avant de quitter le bureau. Seulement, une dernière visite imprévue, mais peu surprenante, allait retarder son retour chez elle...

Il y a quelques jours le couple que Thomas défendait, les Gulen, étaient venu le voir. Ils avaient changés d'avis, ils préféraient rentrer en Allemagne et s'occuper de l'affaire là bas. Tom était tomber de haut, de très haut, en apprenant ça. Il n'avait pas imaginé une seule seconde perdre l'affaire de cette façon. Mais le pire n'était pas ça. Le couple lui avait avoué qu'ils avaient prit cette décision après qu'une jeune femme charmante leur ait rendu une petite visite. Il savait très bien qui avait pu commettre un tel acte. C'était bas ! Tellement pas qu'il n'y croyait pas. Il avait pensé la diplomate différente. Froide, manipulatrice, mais loyale.
La rage de Tom était telle qu'il dût se contenir devant ses anciens clients pour ne pas casser quelque chose. Une fois qu'ils étaient partis, sa colère n'éclata pas non plus. Il préférait la garder pour la personne concernée.

Thomas décida donc de rendre une petite visite impromptue à Abigail O'Riain, la cause de tous ses malheurs cette semaine. Il savait dans quel département elle travaillait mais pas où exactement. Il n'y avait plus grand monde pour le renseigner à cette heure tardive. Après une vingtaine de minutes à chercher le bureau de la demoiselle il le trouva enfin. Il rentra sans frapper et se planta devant le bureau qui ornait la pièce.
L'avocat ne prit pas le temps de dire la raison de sa venue – elle la connaitrait bien assez tôt, ni même de s'excuser de la déranger si tardivement. Il était dans un état second, sa colère avait prit possession de tous ses moyens. D'ordinaire il aurait gardé son calme, dit les choses avec une froideur extrême puis serait rentrait chez lui. Mais là.... C'était trop. Vêtue de son éternelle tenue décontractée (veste de costume, chemise blanche, jean) il mit ses deux mains sur le bureau et s'appuya dessus. Il dominait Abigail et avait son visage à une distance raisonnable mais tout de même proche du sien.

- Je ne sais même pas quoi dire devant tant... tant de fourberie ! Je vous pensais plus loyale que cela...

Il avait planté ses prunelles azur dans celles de la jeune femme et ne la lâchait pas du regard. L'attirance et l'excitation qu'il ressentait pour elle la semaine passée n'était plus là. Son regard sur elle n'avait pas changé, mais il était tellement dégouté par ses agissement qu'envisager de la revoir lui donnait envie de vomir.
Après de longues secondes, il se redressa et s'éloigna du bureau. Il réussit à reprendre un semblant de calme, même si ses yeux le trahissait et il dit d'une voix calme :

- Vous me décevez beaucoup Abigail...

La porte du bureau d'Abigail s'ouvrit à la volée, laissant apparaître un avocat furibard. Thomas ne s'excusa pas, ni ne la salua, et vint se planter face à elle, s'appuyant sur la grosse table en chêne qui les séparait.
Une fois la surprise d'une telle intrusion passée, un grand sourire triomphant s'étira sur les lèvres vermeilles de la diplomate.

- Maître Benett ! Que me vaut le plaisir de votre visite ?

Le jeune homme crachait sa colère d'une manière contenue, mais sa voix trahissait la rage que la manoeuvre d'Abigail avait suscité en lui. Déloyale ? Elle préférait appeler cela la ruse nécessaire à tout bon diplomate. On ne faisait pas d'omelette sans casser des oeufs !

Le regard de Thomas avait clairement changé sur elle, et c'était parfait ainsi. Elle n'avait que faire du désir qu'il avait éprouvé pour elle lors de leur première rencontre, elle n'avait pas pu l'utiliser contre lui, alors que son courroux lui était bien plus utile. Il s'emportait, et cela voulait dire également qu'elle était capable de lui faire perdre ses moyens d'une manière ou d'une autre...c'était tout ce dont elle avait besoin. Ça, et du malin plaisir d'une vengeance qui avait atteint son but.

Alors qu'il se redressait et marchait dans la pièce, elle se leva de son siège tranquillement. Abigail était d'un calme olympien, la tranquillité du vainqueur qui voyait sous ses yeux le prix de ses efforts. Que la déception que devait ressentir Thomas, et surtout son exaspération, étaient douces pour la jeune femme !
Les rôles s'étaient inversés, et elle s'amusa grandement à l'imager en contournant son bureau et en s'asseyant sur celui-ci, comme l'avocat l'avait fait dans son propre cabinet en l'insultant.

- Vous me décevez beaucoup Abigail...

Le sourire triomphant de la jeune femme se fit d'autant plus narquois, tandis qu'elle appuyait ses mains sur le pupitre et croisait ses longues jambes qui dépassaient de sa robe moldue.

- Allons Thomas, reprenez-vous. Soyez un peu plus professionnel. le nargua-t-elle en le gratifiant de son regard et de son sourire les plus moqueurs, et paradoxalement les plus ravissants, Je n'ai fait que mon travail, en allégeant un peu le votre par la même occasion.

Elle regarda ses ongles un instant d'un air suffisant, ravie de son effet. Tout adversaire coriace qu'il était, elle espérait qu'il comprendrait désormais qu'il n'était pas de taille. De toute manière, il y avait peu de chance qu'elle doive le supporter à nouveau dans une autre affaire, alors autant profiter d'enfoncer le clou.

- Vous m'avait enjointe à réfléchir à une solution de mon côté, ce que j'ai fait. Peut-être que si vous aviez été plus collaborant, nous aurions pu parvenir à un accord. Ne vous plaigniez pas des dommages collatéraux que vous vous êtes attirés tout seul.

Abigail reporta son regard bleu sur l'avocat qui lui faisait face. Un physique qui devait en faire pâlir plus d'une, mais il n'impressionnait pas la diplomate.

- Vous devez sûrement avoir plein d'autres affaire à vous mettre sous la dent, des cas qui ne nécessiteront pas mon intervention cette fois. Sinon, vous n'avez qu'à prendre des vacances !

La sorcière se gaussait royalement de lui. Elle ne cherchait même pas à se justifier des moyens qu'elle avait utilisés pour parvenir à ses fins, elle n'avait rien à se reprocher : l'affaire serait jugée mais ailleurs, les Gulen étaient satisfaits et rentrés chez eux, l'ambassadeur d'Allemagne calmé et les patrons d'Abigail ravis. Seul Thomas pouvait avoir quelque chose à y redire...et c'était exactement ce qu'elle avait cherché !

Elle souriait, elle le narguait, tout allait bien dans le meilleur des mondes pour elle. Elle avait eu ce qu'elle voulait et se ficher éperdument des conséquences. Thomas la détestait. Il la haïssait même. C'était une belle garce.

Tom faisait les 100 pas dans la pièce, essayant de garder son calme. Il avait beaucoup de mal, mais ne disait rien. Il marchait, les mains croisés derrières la tête. Il arborait une mine froide, distante, de marbre. Il n'avait pas le souvenir d'avoir été aussi en colère de toute sa vie. Parce que la diplomate n'avait pas seulement ruiner ses chances de boucler l'affaire, elle avait aussi probablement ruiné sa carrière. Le cabinet d'avocat de Tom marchait plutôt bien, il était réputé et beaucoup de sorciers faisaient appel à lui. Mais ces dernières semaines les affaires se faisaient de plus en plus rares... Il n'y avait pas de quoi s'inquiéter cependant. Mais Maître Bennet comptait sur le dossier international Gulen pour faire parler de lui et de son affaire. C'était la raison qu'il n'avait pas avouée à Abigail. Il ne le disait pas a ses propres employés, il n'avait donc pas envisager une seule seconde de le dire a cette femme.

Thomas écoutait attentivement Abigail s'extasier de son échec cuisant. Il lui jeta un rapide coup d'œil et vit qu'elle se levait et prenait place sur son bureau... De la même manière qu'il avait fait lors de leur première entrevue. Il esquissa un petit sourire ironique. Sa colère était toujours présente et n'avait pas diminué d'un poil. Mais il "comprenait" désormais ce qu'avait ressenti la jeune femme en le voyant assis de cette manière sur son bureau... C'était insultant. Du moins dans les conditions dans lesquelles ils étaient. La seule différence c'était que lui, ressentait du désir en la voyant assise de cette façon... Un désir qu'il refoulait tant le dégoût pour Abigail était fort.

Involontairement il s'était rapproché d'elle tout en continuant à marcher. Si bien que lorsqu'il s'arrêta net en entendant sa dernière phrase il n'était qu'à quelques dizaines de centimètre d'elle.
La rage que contenait Thomas commença enfin a éclater. Il ne la laissait pas prendre totalement possession de son être, elle s'évacuait doucement, lentement. Elle s'écoulait par son regard dur, ses lèvres pincées, les frissons qui parcouraient son corps...
Thomas Bennet planta ses yeux bleus dans ceux de sa rivale en s'approchant tranquillement d'elle.

- Vous ne savez pas a qui vous vous attaquez Abigail.... Chuchota-t-il

Il était désormais très près d'elle, beaucoup trop près. L'avocat posa ses mains d'un geste brusque sur le bureau, de chaque côté de celles d'Abigail et rapprocha son visage du sien.

- Ce jeu auquel vous jouez avec moi depuis le début... Eh bien je suis le maître en la matière....

Thomas posa sa main gauche sur la gorge de la jeune femme, sans refermer ses doigts dessus, il exerça seulement une légère pression. Maintenant qu'il était si proche d'elle l'excitation et le désir qu'il ressentait devenaient animal. Il la voulait. Il la haïssait mais la voulait.
Il baissa tête au niveau du cou d'Abigail et le survola avec sa joue, histoire qu'elle ne sente seulement la barbe de trois jours de Tom contre sa peau. Puis peu à peu il approcha ses lèvres du cou parfait de la jeune femme mais n'y déposa pas de baiser. Il faisait glisser le bout de ses lèvres sur sa peau. Il chuchota à demi-mot au creux de son cou :

- Vous jouez dans la cour des grands à présent...

Il voulait la faire craquer, que a son tour elle perde ses moyens face à lui. Il voulait faire monter le désir en elle, comme elle l'avait fait pour lui. Ca prendra probablement du temps, il faudra qu'il s'y reprenne a plusieurs reprises, mais il aura sa vengeance. Et ce sera sa plus belle victoire.

La rage contenue de Thomas finit par éclater, au grand plaisir d'Abigail. Elle contrôlait la situation, tout se passait comme elle l'avait prévu, il se mordait les doigts de l'avoir provoquée et il allait probablement pousser un bon coup de colère pour tenter de l'impressionner, et partir après avoir vidé son sac. Cependant, à la grande surprise d'Abigail, il n'en fut rien !
Oh oui, il était ivre de colère, comme en témoignaient ses yeux, ses lèvres, et même la tension de tout son corps. Mais il n'en fit pas étalage. Non, il sembla soudain animé d'une nouvelle compréhension de la situation.

La jeune femme ne lâcha pas le regard de Thomas tandis que celui-ci se rapprochait et plaquait ses mains de chaque côté des siennes. Son sourire narquois toujours collé aux lèvres, elle laissa échapper un ricanement lorsqu'il prétendit être au même niveau qu'elle dans ce jeu qui se déroulaient désormais entre eux. Elle qui n'en croyait pas un mot jusque là, allait découvrir par la suite qu'il était réellement de la même trempe que la diplomate.

Il se saisit de sa gorge, mouvement auquel Abigail ne s'était pas attendue. A mi-chemin entre la caresse et la violence, les gestes de Thomas étaient savamment calculés pour exciter chaque centimètre de cette peau parfaite qu'il frôlait de ses lèvres.
La belle sorcière vit alors son ennemi sous un tout nouveau jour : il l'intriguait. Il avait compris qui elle était, et se révélait n'être pas si différent. Il savait y faire, cela était certain. De plus, ce désir brûlant qu'elle percevait chez lui, et tout l'animalité contenue commençait à piquer sa propre excitation. Abigail était une femme qui était attirée par tout type de sentiments passionnés à son égard, de quelle nature qu'ils soient.
Seulement, elle était rodée au jeu de la séduction, et même s'il était parvenu à la surprendre, elle n'en fit rien paraître et garda une totale maîtrise d'elle-même et de la situation.

- Vous jouez dans la cour des grands à présent...

- J'y jouais déjà bien avant vous. répondit-elle sur le même ton.

Abigail attrape le col de la chemise du jeune homme, et remonte son visage au niveau du sien. Volontairement, elle laisse s'écouler une seconde, laissant à l'avocat le temps d'admirer la finesse de ses traits, ses lèvres vermeilles étirée en un sourire d'une séduction inégalable ; puis elle approcha sa bouche de l'oreille de Thomas, dans une lenteur insoutenable.

- Tu ne peux pas gagner, Thomas. Alors rentre chez toi prendre une douche froide.

Un murmure à rendre fou n'importe quel homme. Abigail ne s'embarrassait plus d'un vouvoiement formel, ils jouaient carte sur table désormais. Ou presque...la jeune femme savait qu'elle possédait une longueur d'avance : elle avait suscité en lui un désir sauvage, tandis que lui commençait seulement à éveiller son intérêt.
Il espérait la séduire ? Elle allait lui démontrer qu'il s'attaquait à bien plus fort que lui.

Abigail repoussa brusquement Thomas en arrière, se dégageant ainsi de la prise qu'il exerçait sur son cou et recréant une distance adéquate entre leur deux corps. Elle descendit de son bureau, passa à côté de lui et reprit ses dossiers pour les ranger, comme si rien ne s'était passé. Si un collègue était entré à cet instant, rien dans la posture de la diplomate ne trahissait la tension ni l'échange qui venait de se dérouler dans son bureau.

- Si vous avez terminé, maître Benett, la porte se trouve derrière vous. Nous vous tiendrons au courant de l'issue du procès en Allemagne.

Abigail glissa ses documents dans une armoire, tournant le dos à Thomas dans la plus pure indifférence.

Pense à ça en lisant :

Tom essayait de contrôler le désir qui faisait rage en lui. Ce qu'il éprouvait pour cette femme, cette attirance, il ne l'avait éprouvé pour personne. Aucune autre femme ne lui faisait cet effet.
Elle prit le col de sa chemise et releva son visage à hauteur du sien, lui laissant le loisir d'admirer ses traits d'un parfait étonnant. Il savait que c'était sa stratégie, le faire craquer pour mieux le dominer. Malheureusement pour elle, il n'avait pas l'intention de céder aussi facilement. Mais cette façon qu'elle avait de lui susurrer à l'oreille.... Elle était prête à gagner. Un sourire charmeur étira ses lèvres et il commençait à s'avancer vers elle lorsque celle ci le repoussa violemment rétablissant une distance de sécurité entre eux.

Elle s'éloigna, reprenant ce ton condescendant qui la caractérisait et lui tourna le dos. Tom ne se formalisa pas, sa petite manœuvre l'amusait plus qu'autre chose. Elle se retenait elle aussi, mais il arriverait à la faire mordre à l'hameçon. C'était son unique but. Et lorsque ça se produira... Ce sera jouissif pour l'avocat.
Il reprit contenance, rajusta sa chemise, ébouriffa ses cheveux mais ne parla pas, se contentant de sourire. Il était face à elle mais elle lui tournait le dos, l'ignorant complètement. Il dit sur un ton las, mais aussi empreint de désir :

- Abigail, Abigail, Abigail....

Il s'approcha doucement d'elle, sans bruit, de façon à ce qu'elle ne remarque pas sa présence derrière elle. Il n'était désormais qu'à quelques centimètres de la diplomate mais ne la touchait pas. Thomas approcha son visage de son cou – c'était devenu sa partie préféré du corps d'Aby, il déscendit jusqu'à son trapèze et susurra, ses lèvres à quelques millimètres de sa peau :

- Pourquoi luttez-vous...

Sa voix était suave et emplit d'un désir inassouvis. Il continua son petit manège, parcourant son trapèze, descendant jusqu'à son épaule, puis remontant vers sa nuque. Elle pouvait sentir le souffle chaud de l'avocat et ses lèvres qui effleuraient quelques fois sa peau.
Il mit une main sur chacun des bras d'Abigail et la retourna de force vers lui, la plaquant au passage contre le mur. Il mit ses mains contre le mur, de chaque cotés de son visage. Elle ne pouvait plus fuir désormais.
Approchant son visage de son oreille, il chuchota de la même manière qu'elle quelques minutes auparavant :

- Je sais que tu en as envie... Personne ne le saura... Pourquoi résister... ?

Sa dernière chance : le mordillage de lobe.

Dans les rêves de Tom... :

Abigail avait eu l'impression d'être assez claire, en lui indiquant la porte, sur le fait qu'elle estimait cet entretien terminé...mais Thomas ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Si cela l'amusait de répéter son prénom en boucle, grand bien lui fasse, cela ne changerait rien.
Elle ne remarqua sa présence dans son dos que lorsqu'il murmura sa question en frôlant à nouveau sa peau. La jeune femme sentait les lèvres de l'avocat se balader au gré de son désir frustré, et il semblait mettre beaucoup d'efforts dans ses tentatives de la séduire, ce qui lui arracha un sourire amusé.
Malgré tout, elle ne put réprimer un frisson lorsqu'il l'empoigna fermement et la plaqua contre le mur en la retournant. Ne se départissant pas de son sourire, elle planta ses yeux bleus dans ceux de Thomas, avant qu'il n'aille chuchoter à son oreille en employant le même tutoiement.

- Tu rêves...tu crois vraiment qu'un homme comme toi pourrait me plaire ? répondit-elle sur le même ton.

Il l'avait coincée, et elle comptait bien s'en débarrasser d'une manière ou d'une autre, et s'il était intelligent, il saurait éviter la manière la plus douloureuse.
Abigail leva sa main et posa délicatement le bout de ses doigts sur la mâchoire de Thomas. Avec une douceur insoutenable, elle les fit lentement descendre le long du cou du jeune homme jusqu'à l'ouverture de sa chemise. Avec ce geste, on aurait pu penser qu'elle cédait, mais il n'en était évidemment rien ! Elle appuya fortement sa main sur son torse afin de le reculer à nouveau de quelques centimètres.

- Les perdants dans ton genre ne m'intéressent pas, alors garde ton baratin pour une autre.

La diplomate encra une nouvelle fois son regard dans celui de son adversaire. Elle devait quand même avouer qu'il avait de nombreux attraits physiques : il était grand, d'une carrure très appréciable, un sourire libertin et des yeux azurs. Oui, vraiment, elle ne pouvait mentir là-dessus...Thomas Benett était un homme particulièrement beau ! Mais cela ne suffisait pas à la tenter.
Abigail avait une règle à laquelle elle ne dérogeait jamais : pas d'amant en Angleterre, c'était beaucoup trop risqué...et encore moins sur son lieu de travail ! Cal pourrait en entendre parler, et cela elle ne pouvait le permettre.
Aussi, bien que Benett soit parvenu à l'intriguer, elle préférait couper court à ce jeu, n'ayant aucune envie de voir courir les commérages si quelqu'un entrait dans son bureau à ce moment-là.

- Tu as une trop haute opinion de toi-même, tu n'es pas aussi irrésistible que tu sembles le croire. se moqua-t-elle.

L'avocat paraissait trop certain de son succès auprès des femmes, et si Abigail aimait la confiance en soi, l'arrogance ne l'attirait pas.

Il sentait le corps de sa rivale se cambrer imperceptiblement lorsqu'il la plaqua contre le mur, puis il frissonna. Elle voulait lui faire croire qu'il ne lui faisait aucun effet ? C'était raté !
Elle mit la main sur la mâchoire de Tom et la fit lentement glisser vers son torse. Il éprouva un long frisson de désir, mais n'en démontra rien. Il esquissa seulement un sourire prétentieux, mais totalement craquant. Il savait bien que ce n'était qu'une manœuvre de sa part, elle ne céderait pas si facilement. Et tant mieux ! Sa victoire n'aurait pas été si savoureuse dans le cas contraire.

- Je suis persuadé qu'un homme comme moi pourrait te plaire, murmura-t-il avec un sourire. Je te fais de l'effet, tu ne peux le nier. J'ai senti ton corps se cambrer, dit-il en avançant lentement la main vers les reins d'Abigail.

Il descendit lentement sa main le long de sa colonne vertébrale, effleurant sa robe avec le bout de ses doigts, s'arrêtant au creux de ses reins.

- J'ai senti un frisson parcourir ton corps...

Cette fois il s'empara de la main libre de la diplomate, la plaqua contre le mur au dessus de sa tête puis fit courir ses doigts le long de son bras, descendant sur ses cottes.
Finalement, sa manœuvre n'eut pas l'effet escompté et elle exerça une pression sur le torse de Thomas pour le repousser. Il se laissa faire, levant ses mains au niveau de son visage en signe de reddition. Cependant il gardait toujours son sourire à la fois arrogant et terriblement sexy aux lèvres.

- Très bien, très bien Abigail... Cette fois ci je me rend.

Il se recula, retrouvant une distance fort raisonnable.

- Une trop haute opinion de moi même, ça je veux bien l'admettre. Mais irrésistible... Ca je le suis. Ce n'est qu'une question de temps, ma chère.

Il lui adressa une nouvelle fois son sourire, agrémenté d'un clin d'oeil, en se dirigeant vers la porte. Il tourna la poignée et se retourna une dernière fois.

- Nous nous reverrons Abigail, compte là dessus.

Puis Thomas Bennet sortit du bureau et transplana dans son grand appartement donnant vu sur la Tamise. Il repensa à ces deux entrevues... Il la détestait toujours autant, mais maintenant il était certain qu'il n'abandonnerait pas la partie.

Le corps d'Abigail avait trahi le début d'une attraction que son esprit refusait encore de reconnaître, et cela n'était pas passé inaperçu. Elle secoua la tête d'un air faussement lassé tandis que Thomas se délectait de ce qu'il pensait être une victoire. Malgré tout, elle ne pouvait nier qu'il devait bien y avoir une raison pour qu'elle le laisse ainsi jouer avec elle, mais il était hors de question de reconnaître que ce jeu suscitait un certain plaisir en elle.

La diplomate finit de le repousser et de retrouver un espace personnel adéquat, puis elle croisa le bras. Il arborait son éternel sourire arrogant, mais terriblement charmeur, auquel elle répondait par la même moue supérieure.

- Laisse tomber, tu vas t'épuiser à une tâche perdue d'avance., rétorqua-t-elle lorsqu'il affirma qu'elle succomberait avec le temps.

Il fit enfin mine de partir, mais lui assura dans un dernier élan provocateur qu'elle le reverrait. Pour toute réponse elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel, comme si rien ne pouvait lui être plus indifférent, et elle ferma la porte derrière lui, s'assurant par la même occasion que personne n'avait rien vu ou entendu de leur petit manège.
Une fois seule, Abigail se passa un main sur le cou, là où Thomas l'avait empoignée. Elle avait attisé chez lui un désir et une haine presque indossociable, et cela l'amusait bien plus que de raison. Mais ce n'était qu'un beau parleur, elle doutait de vraiment le revoir. Si cela devait arriver, elle devrait malgré tout lui faire comprendre qu'il valait mieux la laisser tranquille avant qu'il ne le regrette vraiment.
Finalement, ayant terminé sa journée de travail, elle rentra chez elle sans même se demander si elle y serait seule ou non. Elle connaissait déjà la réponse.